Dans une décision économique majeure, le gouverneur du Kasaï-Central Jean Paul Mbuebue Kapo a sommé les opérateurs économiques d’aligner immédiatement leurs prix sur la récente appréciation du franc congolais. Cette injonction intervient dans un contexte où la monnaie nationale s’est renforcée de près de 30% face au dollar américain, passant de 2 850 à environ 2 150 francs congolais pour 1 USD, sans que cette amélioration ne se répercute sur les produits de première nécessité.
Le marché parallèle de Mbuji-Mayi, baromètre économique de la région, affiche désormais un taux de change oscillant entre 2 000 et 2 300 francs congolais pour un dollar. Pourtant, cette embellie monétaire ne se traduit pas dans les rayons des commerces. Les ménagères constatent avec amertume la stagnation persistante des prix des produits manufacturés essentiels : savons, huile végétale, riz, spaghettis et boîtes de sardines maintiennent des niveaux inaccessibles pour de nombreux foyers.
Comment expliquer cette résistance des prix malgré une monnaie nationale plus forte ? Les opérateurs économiques invoquent une logique commerciale implacable : ils doivent d’abord écouler leurs stocks achetés à l’ancien taux de 2 850 francs le dollar pour éviter des pertes financières catastrophiques. Cette situation crée un décalage temporel entre l’évolution des taux de change et leur traduction dans l’économie réelle.
Le secteur des produits de base, particulièrement sensible aux fluctuations monétaires, devient le théâtre d’une bataille économique invisible. Les fretins, poissons salés et sucre – denrées fondamentales dans l’alimentation locale – maintiennent paradoxalement leurs prix élevés dans une économie pourtant théoriquement plus favorable aux consommateurs.
La population de Mbuji-Mayi, consciente de cette distorsion économique, réclame désormais une baisse généralisée, incluant les tarifs du transport en commun. Cette demande s’appuie sur la récente diminution des prix du carburant, créant ainsi un momentum pour une révision générale des coûts de la vie.
L’intervention du gouverneur du Kasaï-Central représente un test crucial pour l’efficacité des politiques économiques locales face aux réalités du marché. Les prochains jours révéleront si les opérateurs économiques sauront trouver un équilibre entre la préservation de leurs marges et la nécessaire adaptation aux nouvelles conditions monétaires.
Cette situation met en lumière les complexités de la transmission des taux de change dans l’économie congolaise, où les délais d’ajustement peuvent créer des périodes de tension sociale et économique. La résolution de cet impasse déterminera non seulement le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi la crédibilité des autorités provinciales dans leur capacité à réguler les marchés locaux.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
