Le constat est amer, le diagnostic sans appel. Dans les rues de Kinshasa, la détresse se lit sur les visages des Congolais qui luttent quotidiennement pour leur survie. « Comment voulez-vous que nos jeunes aient de l’espoir quand ils n’ont ni travail ni perspectives ? » s’interroge un habitant de Matonge, résigné. Cette question résonne particulièrement avec la récente prise de position des évêques de l’ASSEOKIN, qui tirent la sonnette d’alarme sur une précarité en RDC devenue insoutenable.
Pendant quatre jours, du 7 au 10 octobre 2025, les prélats kinois se sont penchés sur le sort du peuple congolais. Leur conclusion est sans équivoque : les conditions de vie se dégradent dangereusement, plongeant des milliers de familles dans une vulnérabilité extrême. Le Cardinal Fridolin Ambongo et ses pairs dénoncent une insécurité Kinshasa devenue chronique, où banditisme et violences se banalisent dans l’indifférence générale.
Mais quelle est donc cette société qui abandonne sa jeunesse à elle-même ? Les évêques ASSEOKIN pointent du doigt un phénomène particulièrement inquiétant : la consommation effrénée de drogues et d’alcools forts par des jeunes désœuvrés. Ces produits circulent en toute impunité, sans contrôle ni régulation, creusant davantage le fossé social et compromettant l’avenir de toute une génération.
Les infrastructures routières ne sont pas en reste dans ce tableau sombre. « Comment développer le commerce quand les routes sont impraticables ? » se demande un transporteur rencontré sur l’avenue de la Libération. Le délabrement avancé des voies de circulation isole des communautés entières, empêche l’écoulement des produits agricoles et renchérit le coût de la vie. Cette situation affecte directement les conditions de vie Congo, rendant l’accès aux soins et à l’éducation toujours plus difficile.
Face à ce constat accablant, les pasteurs restent cependant porteurs d’espérance. Ils saluent les efforts déjà engagés par les autorités pour améliorer les infrastructures et d’autres secteurs de la vie sociale. Mais ces initiatives, si louables soient-elles, restent insuffisantes face à l’ampleur des défis. Les évêques exhortent donc les responsables à redoubler d’efforts pour garantir véritablement le bien-être de la population.
La solution ? Elle résiderait dans le « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble » initié par la CENCO et l’Église du Christ au Congo. Ce projet, déjà accepté au niveau national et soutenu par la communauté internationale, représente selon les évêques la meilleure réponse aux multiples crises que traverse le pays. Mais comment faire adhérer l’ensemble de la population à cette vision ?
Le Pacte social CENCO se veut une feuille de route pour reconstruire le tissu social déchiré et établir des bases solides pour une coexistence pacifique. Il appelle chaque Congolais à s’approprier pleinement ce projet de société, à devenir acteur du changement plutôt que spectateur impuissant des dérives actuelles. La précarité RDC n’est pas une fatalité, semblent dire les évêques, mais elle requiert une mobilisation générale et sincère.
Alors que la nuit tombe sur Kinshasa, des groupes de jeunes se rassemblent encore au coin des rues, cherchant dans l’alcool et les stupéfiants un éphémère réconfort. Leur désœuvrement interpelle autant que le silence des armes à feu qui retentissent parfois dans certains quartiers. Les conditions de vie Congo doivent changer, et rapidement. Le message des évêques ASSEOKIN résonne comme un ultime avertissement avant que la situation ne devienne irréversible. La balle est désormais dans le camp des autorités et de la société civile tout entière.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net