La situation économique et sécuritaire dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, atteint un point critique avec la flambée des prix transport Kainama sur l’axe Eringeti-Kainama. Ce tronçon vital de 27 kilomètres, aujourd’hui paralysé par l’insécurité, voit désormais le coût d’une simple course à moto passer de 30 000 à 50 000 francs congolais, soit une augmentation vertigineuse de 66,7% en quelques semaines seulement.
Comment une simple route peut-elle devenir le baromètre de la sécurité et de l’économie locale ? La réponse réside dans les attaques ADF Beni répétées qui ont contraint à la fermeture de cet axe stratégique. La dernière attaque en date, survenue en août dernier dans la localité de Lesse, a coûté la vie à six civils et conduit à l’incendie d’un véhicule de transport, scellant ainsi l’arrêt de la circulation sur cette artère économique.
Les conséquences de cette paralysie se répercutent directement sur la vie quotidienne des habitants de Kainama, confrontés à une hausse produits première nécessité sans précédent. Le sel, élément basique de l’alimentation, est passé de 8 000 à 10 000 francs congolais, tandis que la barre de savon a connu une inflation encore plus marquée, grimpant de 2 800 FC à près de 3 800 FC dans certains cas. Cette situation crée une pression économique insoutenable pour des populations déjà vulnérables.
Bienfait Baraka, conseiller de la société civile du groupement Banande-Kainama, alerte sur l’impact multidimensionnel de cette crise : « Cette grève pénalise non seulement la population, mais aussi les opérations de secours dans la région. » Son appel à la coalition FARDC-UPDF résonne comme un cri d’alarme face à l’urgence de la situation. Les forces combinées sont explicitement sollicitées pour « intensifier les patrouilles dans les zones reculées pour maîtriser l’ennemi, qui circule librement d’est en ouest et du nord au sud ».
L’analyse économique de cette crise révèle un mécanisme implacable : la rupture des chaînes d’approvisionnement entraîne une contraction de l’offre tandis que la demande reste constante, créant les conditions parfaites pour une explosion des prix. Les transporteurs, confrontés à des risques sécuritaires croissants, répercutent naturellement ces coûts supplémentaires sur leurs tarifs, déclenchant ainsi une réaction en chaîne sur l’ensemble du marché local.
La question fondamentale qui se pose aujourd’hui est celle de l’efficacité des stratégies de sécurisation dans cette région en proie à l’insécurité Nord-Kivu. Les patrouilles actuelles sur la route principale semblent insuffisantes face à la mobilité des groupes armés qui exploitent les failles du dispositif sécuritaire. La société civile locale plaide pour une approche plus globale, incluant le maillage des zones périphériques et une présence militaire renforcée sur l’ensemble du territoire.
Quelles perspectives pour les populations de Kainama ? À court terme, la résolution de cette crise passe nécessairement par le rétablissement d’une sécurité durable permettant la reprise des activités économiques. La coordination entre les différentes forces en présence apparaît comme la clé pour débloquer cette situation paralysante. Les enjeux dépassent largement la simple question des prix : c’est la survie économique de toute une région qui se joue sur ces 27 kilomètres d’asphalte devenus le symbole des défis sécuritaires du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net