Selon le dernier rapport de l’entreprise britannique Elliptic, spécialiste de la lutte contre la criminalité financière dans l’univers des cryptomonnaies, les hackers nord-coréens ont établi un record historique en 2025 avec près de 2 milliards de dollars dérobés lors de cyberattaques ciblant principalement les plateformes d’échange et les investisseurs privés. Cette somme colossale, équivalente à environ 1,7 milliard d’euros, représente le montant annuel le plus important jamais enregistré, et ce alors que l’année n’est même pas terminée.
Comment un régime parvient-il à orchestrer une telle entreprise de piratage à l’échelle mondiale ? La réponse réside dans l’évolution des méthodes employées par ces cybercriminels. D’après l’analyse détaillée d’Elliptic, plus de trente cyberattaques ont été recensées depuis janvier 2025, un chiffre qui pourrait encore augmenter dans les prochains mois. La particularité de cette année réside dans la diversification des cibles : si les plateformes d’échange restent des victimes privilégiées, les hackers nord-coréens s’attaquent désormais systématiquement aux « particuliers fortunés en cryptomonnaies ».
Le changement de paradigme le plus significatif identifié par les experts concerne les méthodes d’infiltration. « De nombreux piratages de 2025 reposent sur des attaques d’ingénierie sociale, où les pirates manipulent des individus pour accéder à leurs actifs numériques », précise le rapport Elliptic. Cette évolution stratégique démontre une adaptation remarquable des hackers nord-coréens : alors que les années précédentes, ils exploitaient principalement des failles techniques dans l’infrastructure cryptographique, ils ciblent désormais le facteur humain, souvent considéré comme le maillon faible de la sécurité numérique.
Le vol le plus significatif de l’année 2025 reste l’attaque de la plateforme Bybit en février dernier, où le groupe Lazarus – l’un des principaux groupes de hackers nord-coréens – a dérobé plus de 1,4 milliard de dollars. Cet événement a provoqué une onde de choc dans l’écosystème des cryptomonnaies, entraînant des retraits massifs des utilisateurs et ébranlant la confiance dans la sécurité des plateformes d’échange. Selon la société de cybersécurité britannique NCC Group, Lazarus opère depuis 2009, accumulant ainsi une expertise technique considérable.
La situation actuelle s’inscrit dans une tendance préoccupante documentée par les institutions internationales. En 2024, le Conseil de sécurité de l’ONU estimait déjà à 3 milliards de dollars les fonds siphonnés par les pirates informatiques nord-coréens entre 2017 et 2023. L’addition de ces montants aux récentes estimations d’Elliptic approche désormais les 6 milliards de dollars volés, une somme astronomique qui, selon les Nations unies, sert directement à financer le programme nucléaire de Kim Jong-un.
Au-delà des plateformes d’échange traditionnelles, les hackers nord-coréens ont démontré leur capacité à s’adapter à de nouveaux environnements numériques. En 2022, ils avaient ainsi extirpé 625 millions de dollars grâce au jeu Axie Infinity, un univers virtuel où les joueurs utilisent des tokens pour façonner l’écosystème. La même année, la start-up crypto Harmony subissait une attaque lui coûtant près de 100 millions de dollars. Ces exemples illustrent la polyvalence et l’innovation constante des cybercriminels nord-coréens.
Face à cette menace grandissante, quelles solutions peuvent être envisagées ? La difficulté majeure réside dans la nature même du régime nord-coréen, peu transparent et réticent à coopérer avec les juridictions internationales. Cette situation rend extrêmement complexe toute tentative d’arrêter les coupables ou de récupérer les fonds volés. Les experts en cybersécurité soulignent l’urgence de renforcer les mesures de protection, particulièrement concernant l’ingénierie sociale, et plaident pour une coopération internationale accrue.
La Corée du Nord s’est ainsi imposée en une décennie comme une superpuissance du vol numérique, développant des capacités cybercriminelles sophistiquées qui représentent un défi majeur pour la sécurité financière mondiale. La tendance observée en 2025, avec son record de cyberattaques et de vols de cryptomonnaies, suggère une intensification préoccupante des activités des hackers nord-coréens, posant la question cruciale de l’efficacité des mesures de contremesures actuelles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
