Le paysage politique de la Tshopo vient de vivre un épisode parlementaire des plus significatifs. Ce lundi 13 octobre, l’Assemblée provinciale a rejeté en bloc les pétitions visant les quatre membres de son bureau, dont le président Mateus Kanga. Un vote qui, au-delà des simples chiffres, révèle les profonds clivages et les jeux d’influence qui agitent cette institution clé de la province.
Le scrutin organisé lors d’une séance plénière conduite par le bureau d’âge a démontré la solidité du soutien dont bénéficie l’actuelle direction. La pétition ciblant Mateus Kanga lui-même n’a recueilli que 11 voix favorables contre 17 oppositions. Des résultats similaires ont marqué le rejet des autres motions : 19 non contre 9 oui pour le rapporteur, 17 votes défavorables concernant le questeur, et 16 députés se prononçant en faveur du rapporteur adjoint.
Cette validation parlementaire intervient dans un contexte particulièrement tendu. Mateus Kanga, accusé de détournement, de mauvaise gestion et même de trahison, a présenté ses moyens de défense devant l’hémicycle. Face aux allegations financières, le président de l’Assemblée provinciale a brandi les documents de passation de marché concernant la réhabilitation de l’organe délibérant. Une démonstration suffisante pour convaincre une majorité de députés provinciaux ?
La stratégie défensive de Kanga semble avoir porté ses fruits, mais les racines de cette crise politique à Kisangani plongent plus profondément. Bien avant cette séance plénière cruciale, le président de l’Assemblée avait pointé du doigt le Gouverneur de province comme étant l’instigateur des pétitions le visant. Cette accusation ouvre une nouvelle dimension au conflit, transformant une simple affaire de gestion en une véritable bataille institutionnelle.
Les récents déplacements à Kinshasa des deux protagonistes alimentent davantage les spéculations. Alors que Mateus Kanga est revenu dans la province, le Gouverneur a reporté son voyage pour des motifs que le protocole d’État du Gouvernorat n’a pas révélés. Ce timing interroge : des négociations en coulisse auraient-elles précédé le vote décisif ? La sérénité qui a caractérisé la séance parlementaire contraste étrangement avec la virulence des accusations échangées préalablement.
Le rejet de ces pétitions marque-t-il pour autant l’apaisement des tensions politiques dans la Tshopo ? Rien n’est moins sûr. La majorité qui s’est exprimée en faveur du bureau actuel démontre une certaine cohésion parlementaire, mais les 11 à 16 députés ayant soutenu les motions de censure révèlent une opposition substantielle. Cette division pourrait resurgir lors des prochains arbitrages budgétaires ou lors de l’examen des projets du gouvernement provincial.
Mateus Kanga sort renforcé de cette épreuve, mais à quel prix ? Sa crédibilité reste entachée par les accusations, même si le vote des députés provinciaux de la RDC lui offre un répit politique. La gestion de cette crise institutionnelle témoigne des équilibres fragiles qui caractérisent la gouvernance provinciale. Les prochains mois révèleront si cette victoire parlementaire scelle durablement l’autorité du président de l’Assemblée ou si elle ne représente qu’un simple répit dans une guerre politique plus large.
L’enjeu dépasse désormais la simple personne de Mateus Kanga pour concerner l’ensemble des équilibres institutionnels de la province. La manière dont les différents acteurs vont digérer ce rejet des pétitions déterminera la stabilité politique de la Tshopo pour les mois à venir. Une chose est certaine : les députés provinciaux viennent de montrer où se situaient, pour le moment, les majorités critiques.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd