Le monde compte désormais plus de 122 millions de personnes déplacées de force, un chiffre record qui souligne l’ampleur de la crise humanitaire mondiale. Cette annonce choc du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, intervient dans un contexte de réductions budgétaires drastiques qui menacent l’assistance aux populations vulnérables.
Lors de la 76e session du Comité exécutif du HCR à Genève, M. Grandi a dressé un tableau alarmant de la situation mondiale. « Depuis 2015, le nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer en raison de la guerre et des persécutions a pratiquement doublé », a-t-il déclaré, soulignant la rapidité et la complexité croissantes des déplacements forcés.
La carte des crises s’étend des conflits traditionnels aux nouvelles zones de tension. De la Syrie au Myanmar, du Soudan du Sud à la République démocratique du Congo, en passant par l’Ukraine et le Soudan, les points chauds se multiplient. En Amérique latine et dans les Caraïbes, des crises complexes entraînent des déplacements de Vénézuéliens, de Nicaraguayens et d’Haïtiens, créant des défis humanitaires sans précédent.
Comment le HCR peut-il maintenir ses opérations face à l’effondrement des financements ? La question se pose avec acuité alors que l’organisation doit composer avec un budget 2025 réduit à 8,5 milliards de dollars, contre 10,6 milliards initialement prévus. « La dernière fois que nous avons eu moins de 4 milliards de dollars, c’était en 2015, lorsque le nombre de personnes déplacées de force était deux fois moins élevé qu’aujourd’hui », a rappelé le Haut-Commissaire.
Les conséquences de ces coupes budgétaires ONU sont déjà visibles sur le terrain. En République démocratique du Congo, où des millions de réfugiés RDC dépendent de l’aide internationale, la situation pourrait rapidement devenir ingérable. M. Grandi, qui s’est rendu personnellement dans le pays cette année, a pu constater l’impact direct des réductions de financement.
La crise ukrainienne, qui avait provoqué le déplacement massif le plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale, avait temporairement boosté les contributions internationales. Mais cet élan s’est essoufflé, obligeant le HCR à supprimer environ 1 000 postes et à geler certaines activités. Pour 2025, l’organisation anticipe une baisse supplémentaire de 25% des fonds disponibles.
Qu’adviendra-t-il des millions de personnes dépendantes de l’aide humanitaire ? Le HCR estime que jusqu’à 11,6 millions de réfugiés pourraient être privés d’assistance en 2025. Dans des régions comme le Sahel ou la RDC, où les besoins augmentent exponentiellement, cette réduction des capacités d’intervention pourrait avoir des conséquences catastrophiques.
Le budget HCR pour l’année prochaine reflète une appréciation réaliste de la diminution des ressources, mais suffira-t-il à répondre aux besoins fondamentaux des populations ? La question se pose alors que l’ONU a déjà réduit de 35% son plan d’aide humanitaire mondial pour 2025, passant de 44 à 29 milliards de dollars.
Face à cette situation, Filippo Grandi met en garde contre un « début d’année 2026 très difficile », avec un risque de rupture complète des services essentiels. Les pays d’accueil, déjà sous pression, pourraient se trouver submergés par l’afflux de déplacés de force sans perspective d’assistance internationale.
La communauté internationale parviendra-t-elle à inverser cette tendance préoccupante ? Alors que les crises se multiplient et que les ressources diminuent, l’avenir de millions de personnes déplacées de force semble plus incertain que jamais. La sonnette d’alarme tirée par le HCR résonne comme un appel urgent à la solidarité internationale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd