La scène culturelle congolaise vient de s’assombrir brutalement. Ce dimanche 12 octobre, le rire s’est éteint à Lubumbashi, emportant avec lui l’une de ses étoiles montantes. Jr Soldado, ce nom qui faisait vibrer les salles de spectacle de la capitale du Katanga, n’est plus. Comment accepter que cette voix si pleine de vie se soit tue si soudainement ?
Le terrain de football, lieu de détente et d’effort, s’est transformé en théâtre du drame. Vers 9h ou 10h ce matin fatal, l’artiste s’était rendu sur le gazon pour « bouger le sang », comme le raconte une source familiale émue. Le sourire aux lèvres, insouciant, il évoluait dans ce match qui devait être son dernier. Au cœur de l’action, alors que l’intensité du jeu culminait, son corps a brutalement fléchi, frappé par un arrêt cardiaque foudroyant.
Le choc fut immédiat, la course contre la montre s’engagea. Transporté d’urgence vers un centre de santé, Jr Soldado emportait avec lui les espoirs de ses proches, ces prières muettes qui se heurtèrent au mur implacable du destin. La nouvelle du décès de cet humoriste congolais s’est propagée comme une traînée de poudre dans la communauté artistique, laissant derrière elle un silence lourd d’incompréhension.
Qu’est-ce qui rend une telle disparition si difficile à accepter ? Peut-être cette impression d’inachevé, cette carrière prometteuse brutalement interrompue. Herman Amisi, confrère et compagnon de scène, exprime cette douleur collective avec des mots qui résonnent comme un requiem : « Le rire congolais vient de perdre l’un de ses jeunes espoirs. » Dans son hommage poignant, il dessine le portrait d’un « talent pur, une énergie contagieuse, un sourire qu’on n’oubliera pas ».
Jr Soldado avait marqué de son empreinte La Grande Croisade du Rire à deux reprises, laissant à chaque passage cette trace indélébile d’humour authentique et de simplicité désarmante. Son micro s’est éteint, mais son écho, comme le souligne si justement Herman Amisi, continuera de résonner dans les cœurs de ceux qui l’ont connu et aimé.
La tragédie prend une dimension plus cruelle encore lorsqu’on découvre les projets que la mort a volés. Le 28 novembre prochain, la salle Familia de Lubumbashi devait accueillir un spectacle inédit de l’artiste. Cette soirée culturelle tant attendue n’aura jamais lieu, transformant l’excitation de la préparation en deuil inconsolable.
La disparition de Jr Soldado s’inscrit dans cette longue liste d’artistes congolais fauchés en pleine ascension. Son arrêt cardiaque soulève des questions plus larges sur la santé des artistes et la pression qu’ils endurent dans un milieu exigeant. Comment protéger ces talents fragiles qui donnent tant de joie au public ?
Lubumbashi, ville qui l’a vu naître à la scène, pleure aujourd’hui l’un de ses fils les plus prometteurs. Dans les rues de la capitale katangaise, les conversations chuchotées évoquent ce sourire qui ne reviendra plus, ces sketches qui resteront à jamais dans les mémoires comme des joyaux orphelins.
La scène comique congolaise, déjà éprouvée par tant de départs prématurés, doit une fois de plus faire son deuil. Mais peut-être que la meilleure façon d’honorer la mémoire de Jr Soldado est de continuer à faire vivre cet art qu’il chérissait tant. Car le rire, même traversé de larmes, reste le plus bel hommage qu’on puisse rendre à ceux qui ont consacré leur vie à le provoquer.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
