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Grève des médecins en Tshopo après les assassinats d’Isangi

La province de la Tshopo vit des heures sombres dans son paysage sanitaire. Depuis ce lundi matin, les membres du Conseil provincial de l’Ordre des médecins observent une grève de deux jours, un mouvement de protestation déclenché par l’assassinat brutal de quatre agents de santé la semaine dernière à Isangi. Cette suspension concertée des activités médicales ordinaires traduit l’ampleur de la colère et de l’inquiétude qui traversent la communauté médicale locale.

Comment en est-on arrivé à une telle situation ? La réponse se trouve dans la recrudescence alarmante des violences contre le personnel soignant. Deux médecins figuraient parmi les quatre agents sanitaires sauvagement tués à Isangi, tandis que d’autres professionnels de santé ont échappé de justesse à la mort à Basoko. Le pire a été atteint à Ilambi et Yanfira où des collègues ont été littéralement lapidés par des populations locales. Face à ces « attaques criminelles et des tueries barbares » selon les termes du COPROM Tshopo, la grève apparaît comme l’ultime recours pour alerter sur la dégradation des conditions d’exercice de la médecine.

Le vice-président du COPROM Tshopo, le Docteur Jean de Dieu Bosenge Nguma, précise qu’un service minimum sera maintenu dans les hôpitaux durant ces deux jours de protestation. Initialement, une marche pacifique avait été programmée ce lundi matin, mais les autorités urbaines n’ont pas donné leur autorisation pour cette manifestation. Malgré cette interdiction, la détermination des médecins reste intacte, comme en témoignent leurs revendications clairement énoncées.

Au cœur des exigences professionnelles : « l’arrestation des auteurs de ce quadruple meurtre » à Isangi. Les coupables, loin de se cacher, se sont même exhibés dans des vidéos et sur des photos avec les restes humains calcinés de leurs victimes. Ces agents sanitaires avaient pour simple mission de mener des enquêtes dans le cadre du programme de vaccination des enfants à 0 dose. Comment expliquer une telle barbarie contre ceux qui consacrent leur vie à soigner les populations ?

La réponse se niche dans un phénomène inquiétant : la propagation de rumeurs infondées sur des cas d’atrophie génitale. Ces agents sanitaires, couverts par la Division Provinciale de la Santé, ont été injustement accusés d’être à l’origine de l’atrophie d’appareils génitaux chez certains jeunes. La justice populaire a pris le pas sur la raison, avec des conséquences dramatiques pour ces professionnels dévoués qui affirment pourtant leur innocence avec force.

Face à cette crise sanitaire sans précédent en RDC, les sensibilisations ont commencé à Kisangani. Les chefs des confessions religieuses et les autorités provinciales multiplient les appels à la population pour ne pas céder à la manipulation et à la désinformation. Un signal fort a été envoyé par la justice le mercredi 8 octobre dernier : le tribunal de paix de Kisangani-Makiso a condamné à 12 mois de prison ferme un jeune homme qui avait accusé sans preuve un technicien de la RTNC d’être à la base d’un cas d’atrophie.

Cette décision judiciaire marque-t-elle un tournant dans la lutte contre la désinformation médicale ? Elle démontre en tout cas la volonté des autorités de sanctionner ceux qui propagent des accusations infondées mettant en danger la vie des agents de santé. La violence contre les médecins en RDC n’est malheureusement pas un phénomène isolé, mais la situation dans la Tshopo atteint des proportions particulièrement préoccupantes.

Que risquent concrètement les populations de la Tshopo si cette crise persiste ? La dégradation de l’accès aux soins, la perturbation des programmes de vaccination essentiels, et in fine l’aggravation des indicateurs de santé déjà fragiles dans la région. Les assassinats d’agents santé à Isangi ne sont pas seulement des tragédies humaines, ils représentent une menace directe pour la santé publique de toute une province.

La grève des médecins de la Tshopo sonne comme un cri d’alarme face à une violence devenue inacceptable. Elle interroge sur la protection des soignants dans l’exercice de leur mission et sur la nécessité de combattre les rumeurs qui mettent en péril le système de santé tout entier. La résolution de cette crise passe par une collaboration étroite entre autorités, société civile et populations pour restaurer la confiance et garantir la sécurité de ceux qui soignent.

Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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