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Le franc congolais maintient sa remontée face au dollar (9–13 octobre 2025)

Une affiche de change à Kinshasa affiche un taux autour de 1 USD = 1900 FC le 12 octobre 2025, illustrant la forte appréciation récente du franc congolais.

Au cours de la période du 9 au 13 octobre 2025, le franc congolais (CDF) a continué de se raffermir notablement face au dollar américain. Sur le marché officiel (taux indicatif de la Banque centrale du Congo), le dollar est passé sous la barre des 2400 FC. Le 11 octobre, 1 USD ne valait plus qu’environ 2339,96 FC selon le tableau de change de la BCC, alors qu’il s’échangeait encore autour de 2400 FC le 7 octobre (contre près de 2885 FC fin août). Sur le marché parallèle, l’évolution est encore plus marquante : dans certains quartiers de Kinshasa, le taux est tombé jusqu’à 1800–1900 FC pour 1 USD aux alentours du 10 octobre, même si dans d’autres zones il oscillait généralement entre 2000 et 2200 FC. En d’autres termes, le dollar coûte nettement moins cher qu’il y a quelques semaines, confirmant la forte appréciation du franc congolais amorcée fin septembre.

Interventions de la BCC et ralentissement de l’inflation

Cette tendance à la hausse du franc s’explique par un faisceau de facteurs économiques et monétaires. La Banque centrale du Congo (BCC) est intervenue activement pour soutenir la monnaie nationale. Elle a notamment retiré de la circulation une partie des francs congolais en excès, afin de réduire la pression sur le marché des changes. En « asséchant » ainsi la liquidité en CDF, la BCC a mécaniquement diminué la demande de dollars sur le marché intérieur, provoquant une baisse du cours du billet vert. Par ailleurs, l’autorité monétaire suit de très près l’évolution des taux informels par ville et encourage l’unification des taux de change, signe d’une volonté de stabiliser durablement le franc sur l’ensemble du territoire.

Dans le même temps, le contexte macroéconomique interne est devenu plus favorable à une monnaie forte. L’inflation, autrefois galopante, montre des signes d’apaisement. D’après la BCC, le taux d’inflation annuel est redescendu à 7,8 % fin septembre 2025, alors qu’il dépassait les 15 % à la même période en 2024. Cette décélération de la hausse des prix renforce la confiance dans la monnaie locale, en stabilisant les anticipations des ménages et des entreprises. Fort de cette accalmie sur le front des prix, la BCC s’est même permis un léger assouplissement monétaire sans affaiblir le franc : le 7 octobre, son taux directeur a été abaissé de 25 % à 17,5 %. Pris isolément, une baisse des taux d’intérêt pourrait faire pression sur le taux de change, mais le moment choisi – après le reflux de l’inflation – et la poursuite en parallèle des mesures de contrôle de la liquidité ont fait que cette décision n’a pas entamé la confiance. Le signal global perçu par le marché est resté favorable au franc congolais malgré cet assouplissement monétaire.

Rebond des recettes minières et appuis extérieurs

Les flux de devises alimentant l’économie congolaise se sont également renforcés, grâce à la conjoncture internationale des matières premières. Les cours des métaux stratégiques de la RDC, en particulier le cuivre et le cobalt, ont nettement augmenté début octobre, ce qui a dopé les recettes d’exportation du pays. Le cuivre, principal produit d’exportation, a connu un rebond notable : le 10 octobre, le métal rouge s’échangeait autour de 10 735 USD la tonne sur le marché international, en nette hausse par rapport aux niveaux de l’été (en août, il valait environ 9 600 USD/tonne). De son côté, le cobalt – autre ressource clé pour l’économie congolaise – a atteint plus de 40 000 USD la tonne au cours de la même période, enregistrant une envolée de plus de 20 % en un mois. Or, lorsque les prix du cuivre, du cobalt et d’autres minerais augmentent, les entrées de dollars dans le pays augmentent également, grâce à la hausse des revenus d’exportation, ce qui vient accroître l’offre de devises sur le marché local. Ce contexte minier favorable a donc contribué à soutenir la valeur du franc congolais en améliorant les réserves en devises et en réduisant la pression sur le taux de change.

Parallèlement, la crédibilité financière extérieure de la RDC s’est consolidée, ce qui a eu un effet positif sur la stabilité du franc. En juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé la première revue du programme financier en cours et a débloqué des fonds destinés notamment à renforcer les réserves internationales du pays. Plus récemment, début octobre, le gouverneur de la BCC a annoncé le lancement d’un programme d’accumulation de réserves d’or par l’État congolais – un signal de prudence destiné à soutenir la monnaie nationale sur le long terme en diversifiant les actifs de réserve. Sur le plan interne, autorités monétaires et gouvernementales avancent de concert pour restaurer la confiance dans le franc congolais. Des mesures administratives ont été prises, comme l’obligation d’afficher les prix en francs congolais sur tout le territoire (décision publiée au Journal officiel en août) afin de renforcer la souveraineté monétaire et de réduire la « dollarisation » de l’économie. De plus, les autorités multiplient les messages publics en faveur de l’usage du franc (par exemple, en privilégiant les émissions d’obligations du Trésor en monnaie locale et en appelant à “recongoliser” les transactions financières). L’ensemble de ces actions coordonnées – rigueur budgétaire, stabilisation macroéconomique, communication et mesures incitatives – a créé un climat de confiance propice à la remontée de la monnaie nationale.

Réactions des acteurs économiques et impact pour la population

Le net redressement du franc congolais n’est pas passé inaperçu et suscite de nombreuses réactions chez les acteurs économiques du pays. Les autorités congolaises elles-mêmes affichent leur satisfaction. Lors de la réunion du Conseil des ministres du 10 octobre, le Président Félix-Antoine Tshisekedi a salué les « résultats encourageants » obtenus sur le marché des changes, marqués par cette appréciation significative de la monnaie nationale. Il a félicité le gouvernement et la BCC pour leurs efforts conjoints de stabilisation du franc, tout en exhortant à réduire les écarts de taux de change entre les différentes régions (notamment à Kinshasa par rapport aux provinces) et à poursuivre les efforts de régulation pour renforcer la confiance dans la monnaie nationale. De son côté, le ministre de l’Économie, Daniel Mukoko Samba, attribue cette évolution positive du taux de change à la conjugaison de plusieurs mesures économiques : un resserrement budgétaire de l’État, une gestion rigoureuse des échéances financières publiques, ainsi qu’un relèvement du niveau des réserves obligatoires imposé aux banques commerciales – autant d’outils visant à réduire la masse monétaire en circulation en francs et à stabiliser le marché des changes. Selon lui, ces efforts renforcent la souveraineté monétaire de la RDC et expliquent en grande partie le regain de vigueur du franc.

Sur le terrain, les professionnels du change et les opérateurs privés ressentent directement les effets de cette fluctuation rapide du taux de change et tentent de s’adapter. La Corporation professionnelle des cambistes manuels du Congo (COPCAM) – qui regroupe les changeurs de monnaie du secteur informel – a appelé ses membres au calme face à la dépréciation du dollar observée ces derniers temps. L’association les invite à adopter un taux unifié à travers les différents points de change et à soutenir les initiatives des autorités pour stabiliser la monnaie. « Le nouveau taux de change a provoqué de la panique. Mais la situation va se stabiliser… Il faut encadrer cette amélioration pour bâtir une économie solide », a déclaré Donat Lenghu, le président de la COPCAM, exhortant ainsi les cambistes à ne pas céder à l’affolement passager du marché. Dans certaines villes, la brusque variation du taux a même conduit les changeurs à la prudence : à Lubumbashi, par exemple, des cambistes ont temporairement suspendu leurs opérations pour éviter d’enregistrer des pertes sur leurs stocks de devises, face à un dollar qui se déprécie de jour en jour. « Nous ne changeons plus d’argent ces derniers temps… Le taux a baissé… J’ai plus de 1000 dollars sur moi, je ne sais plus quoi faire avec cette baisse », confie ainsi un cambiste lushois désemparé par la vitesse de la hausse du franc.

Du côté des commerçants et des consommateurs, l’appréciation du franc congolais est accueillie de manière mitigée. D’une part, beaucoup de citoyens saluent ce nouveau souffle pour leur pouvoir d’achat, espérant une baisse prochaine des prix des produits importés et des services facturés en dollars. Dans les faits toutefois, les effets sur les prix à la consommation ne se font pas encore sentir. Malgré la baisse du cours du dollar, les tarifs des biens et denrées restent pour l’instant quasi inchangés sur les marchés aussi bien à Kinshasa qu’en province. Plusieurs facteurs expliquent ce décalage : les commerçants écoulent encore des stocks de marchandises acquis à l’ancien taux élevé, et ils tardent à ajuster leurs étiquettes. Certains vendeurs adoptent même des comportements opportunistes ou de protection : à Kinshasa, on a constaté que certains commerçants refusent désormais les paiements en dollars, exigeant d’être payés uniquement en francs congolais – alors même que les prix affichés n’ont pas été diminués à proportion de la revalorisation du franc. Cette situation particulière engendre des tensions et des incertitudes dans les transactions quotidiennes. Les consommateurs, de leur côté, expriment une certaine frustration de voir le franc se renforcer sans que cela ne se traduise encore par une baisse du coût de la vie. Des organisations de la société civile et des voix de l’opposition ont d’ailleurs critiqué ce qu’ils perçoivent comme une appréciation « populiste » du franc, sans impact tangible sur le prix des biens de première nécessité. Ils appellent le gouvernement à veiller à la transmission effective de cette embellie monétaire vers l’économie réelle, afin que la ménagère congolaise en ressente les bénéfices dans son panier.

Perspectives et vigilance

Pour l’heure, le franc congolais bénéficie d’une conjoncture favorable et des efforts conjoints des autorités, mais sa récente remontée reste fragile selon de nombreux analystes. La pérennité de la stabilité du taux de change dépendra de la discipline continue en politique budgétaire et monétaire, ainsi que de l’évolution des facteurs externes. Une reprise de l’inflation due à des chocs sur les prix (par exemple en cas de pénuries, ou de flambée des coûts énergétiques ou alimentaires) pourrait raviver les pressions sur la monnaie. De même, un reflux des devises – par exemple si les prix du cuivre et du cobalt devaient rechuter brutalement, réduisant les entrées de dollars – ou encore des tensions politiques ou sécuritaires susceptibles d’éroder la confiance, figurent parmi les risques qui pourraient inverser la tendance actuelle. Consciente de ces défis, la Banque centrale du Congo assure maintenir une veille rapprochée sur le marché de change et se tient prête à intervenir en cas de besoin, tandis que le gouvernement promet de poursuivre les réformes pour consolider les gains obtenus. En somme, le dollar recule et le franc congolais se redresse grâce à une combinaison d’actions vigoureuses et d’un contexte favorable. La suite dépendra de la capacité du pays à institutionnaliser cette stabilité – en contenant durablement l’inflation, en stimulant la production locale et en continuant d’inspirer confiance aux acteurs économiques – afin que l’amélioration du taux de change se traduise, à terme, par une réelle amélioration des conditions de vie de la population congolaise.

Sources : Banque centrale du Congo (données de change et inflation) ; Radio Okapi (actualité économique, taux parallèle et déclarations officielles) Zoom Eco/Actualité.cd; Forum des As

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Miché Mikito
Miché Mikito
Né au bord du majestueux fleuve Congo, à Kisangani, Miché Mikito vous propose une couverture sportive dynamique et un éclairage unique sur les enjeux environnementaux. Passionné de sport, il suit de près les compétitions locales et internationales tout en restant très attentif à la préservation des richesses naturelles du Congo. Miché est votre guide pour tout ce qui concerne le sport et l’environnement.
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