Dans une déclaration qui fera date dans les annales diplomatiques de la région, le président Félix Tshisekedi a clairement tracé la ligne rouge lors de sa rencontre avec la diaspora congolaise de Belgique. Le Chef de l’État congolais a catégoriquement rejeté toute perspective de dialogue avec ce qu’il qualifie d’« émissaires des agresseurs », marquant ainsi un tournant dans l’approche de Kinshasa face au contentieux qui l’oppose à Kigali.
« On ne parle pas dialogue avec les émissaires des agresseurs », a-t-il martelé devant un auditoire conquis, ajoutant avec une détermination qui ne laisse place à aucune ambiguïté : « ça n’arrivera plus en tout cas à moins qu’on me dégomme, qu’on me tue, mais tant que je serai vivant, ça n’arrivera pas ». Cette sortie verbale, d’une rare intensité, illustre la radicalisation du discours présidentiel sur la question des relations RDC-Rwanda. Le président justifie cette position ferme en rappelant que c’est précisément cette approche conciliante du passé qui aurait perpétué les problèmes actuels de la RDC.
La stratégie du président Félix Tshisekedi semble s’inscrire dans une logique de clarification des positions. En tendant préalablement la main à Paul Kagame lors du forum Global Gateway Forum organisé par l’Union européenne, le leader congolais affirme avoir voulu démontrer à la communauté internationale que la RDC n’est pas la partie belliqueuse dans ce conflit. « J’ai voulu montrer au monde entier que ce n’était pas vrai, que nous sommes les premiers à vouloir la paix », a-t-il expliqué, dénonçant au passage la manipulation dont seraient victimes les Congolais, présentés à tort comme des « va-en-guerre ».
Mais cette ouverture initiale s’accompagne désormais de conditions préalables inflexibles. Le Chef de l’État exige que tous ceux qui prônent le dialogue nomment clairement l’agresseur et le condamnent sans équivoque. Cette position soulève plusieurs questions : s’agit-il d’une manœuvre diplomatique visant à tester la sincérité des médiateurs internationaux ? Ou bien d’une posture définitive qui pourrait isoler davantage la RDC sur la scène régionale ?
La déclaration présidentielle intervient dans un contexte où les appels au dialogue se multiplient, tant au niveau continental qu’international. Cependant, Félix Tshisekedi rejette explicitement toute forme de dialogue qui aboutirait à des « brassages, mixages ou pour introduire les inféodés dans les institutions du pays ». Cette référence aux arrangements politiques du passé témoigne de la volonté présidentielle de rompre avec des pratiques considérées comme ayant nui aux intérêts nationaux.
Le président congolais privilégie plutôt un « dialogue entre Congolais qui sont tous contre cette agression ». Cette orientation souligne la priorité donnée à l’unité nationale face à ce qu’il présente comme une menace extérieure. Mais cette approche ne risque-t-elle pas de renforcer la polarisation dans une région déjà en proie à de multiples tensions ? La communauté internationale, qui observe avec attention l’évolution de la situation, pourrait voir d’un mauvais œil cette fermeté qui complique les efforts de médiation.
Sur le plan intérieur, cette prise de position ferme du président Félix Tshisekedi pourrait renforcer sa base politique, particulièrement auprès des nationalistes qui réclament une ligne dure face au Rwanda. Cependant, elle expose également le pays à un isolement croissant dans les arènes diplomatiques où le dialogue est souvent présenté comme la seule issue possible aux conflits. La gestion des relations RDC-Rwanda devient ainsi un véritable casse-tête stratégique pour le gouvernement congolais.
La question qui se pose désormais est de savoir jusqu’où cette intransigeance pourra être maintenue face aux pressions internationales grandissantes. Le président joue manifestement gros sur cet enjeu, sachant que tout recul serait perçu comme une faiblesse, tandis que la persistance dans cette voie pourrait conduire à une impasse diplomatique. Les prochains mois seront déterminants pour évaluer l’efficacité de cette stratégie qui mise tout sur la fermeté et le refus du compromis.
Alors que la situation sécuritaire dans l’Est du pays reste préoccupante, cette position présidentielle marque un changement de paradigme dans l’approche des relations avec le Rwanda. Elle témoigne d’une volonté de rompre avec les méthodes du passé, mais soulève également des interrogations sur la viabilité à long terme d’une telle stratégie. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale, sommée de prendre acte de cette nouvelle donne dans les relations entre les deux pays voisins.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net