Dans l’écrin culturel du Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, une alchimie particulière s’opère depuis ce mercredi 9 octobre. Sous les auspices de la compagnie Tam-Tam, une formation journalisme culturel d’exception ouvre ses portes à une nouvelle génération de reporters passionnés. L’air est chargé de cette électrisation propre aux commencements prometteurs, où l’on devine déjà les métamorphoses à venir.
La directrice des lieux, Cécile Djunga, pose d’emblée le ton avec une vérité qui résonne comme un appel aux armes : « Nous avons besoin de chevaliers de la plume éveillés, curieux et dotés d’un sens élevé de la critique. » Sa voix, teintée de cette urgence tranquille des visionnaires, dessine les contours d’une critique culturelle Congo en pleine renaissance. Ne se contenter plus de la simple chronique, mais forger des analyses qui transcendent la superficialité – tel est le credo.
Comment, en effet, se satisfaire de descriptions lénifiantes quand l’art congolais explose de tant de vitalité ? La question plane dans l’auditorium comme un défi lancé à chaque participant. La compagnie Tam-Tam formation entend justement combler ce vide en offrant les outils d’une expertise exigeante. Car le journaliste culturel RDC de demain devra naviguer avec aisance entre les courants artistiques, décrypter les sous-textes politiques, et restituer l’âme des œuvres avec la justesse du spécialiste.
Jean-Marc Matwaki, journaliste et formateur, enfonce le clou avec la précision du connaisseur : « Maîtriser le langage et les codes spécifiques à chaque discipline artistique n’est pas une option, mais une nécessité absolue. » Sa démonstration éclaire la complexité de cet exercice d’équilibriste – savoir doser la subjectivité éclairée et l’objectivité professionnelle, trouver le mot qui fait image sans tomber dans la complaisance.
Le Centre Wallonie-Bruxelles Kinshasa devient ainsi le laboratoire où s’expérimente cette nouvelle grammaire du regard. Entre les murs de cette institution, c’est tout un écosystème culturel qui se repense à travers le prisme d’une médiation renouvelée. Valentin Kuamba, responsable de Tam-Tam, en esquisse la finalité : des articles d’analyse critique capables de révéler au monde la richesse et la diversité de la création congolaise.
Sur les visages des jeunes journalistes, on lit cette détermination farouche des pionniers. Ils pressentent que leur mission dépasse la simple couverture événementielle pour embrasser une fonction plus essentielle : être les architectes de la mémoire culturelle nationale, les passeurs sensibles entre les artistes et le public, les vigies attentives d’une scène artistique en perpétuelle mutation.
Cette formation en journalisme culturel représente-t-elle l’amorce d’un changement de paradigme dans le traitement médiatique des arts au Congo ? Tout le laisse croire. Car au-delà des techniques d’écriture et d’analyse, c’est une éthique du regard qui se transmet ici – cette capacité à voir dans chaque œuvre le reflet des luttes, des espoirs et de l’imaginaire d’un peuple.
Qu’adviendra-t-il de ces plumes en devenir ? Sans doute deviendront-elles les chroniqueurs indispensables d’une Renaissance culturelle congolaise qui, pour être pleinement comprise, a besoin de regards aiguisés, de mots précis et de cette passion raisonnée qui fait les grands critiques. Le chemin est tracé, il ne reste plus qu’à écrire l’histoire.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net