La République Démocratique du Congo, ce géant aux pieds d’argile, suffoque sous le poids des catastrophes naturelles récurrentes. Inondations dévastatrices, éruptions volcaniques menaçantes, glissements de terrain meurtriers – ces phénomènes frappent inexorablement les 26 provinces du pays dans un cycle infernal. Pourtant, une lueur d’espoir émerge avec l’adoption récente de la politique nationale de gestion des risques de catastrophe 2025-2050. Mais cette avancée institutionnelle suffira-t-elle à protéger des millions de Congolais vulnérables ?
Bruno Lemarquis, Coordonnateur des opérations humanitaires en RDC, tire la sonnette d’alarme dans une tribune récente. Son constat est sans appel : les catastrophes naturelles ne sont pas exceptionnelles mais bien une réalité structurelle qui érode progressivement les fondations du pays. « Ces chocs successifs affaiblissent les communautés, entravent le développement et exercent une pression considérable sur les finances publiques », souligne-t-il.
Le diagnostic posé par l’expert humanitaire met en lumière une vérité troublante : les catastrophes dites « naturelles » cachent en réalité des défaillances profondes de gouvernance. Le manque de préparation systémique et l’absence d’anticipation transforment des aléas météorologiques en tragédies humaines à grande échelle. Comment expliquer que des inondations prévisibles continuent de surprendre les autorités ? Pourquoi les éruptions volcaniques trouvent-elles toujours des populations désarmées ?
La politique nationale risques de catastrophe arrive donc à point nommé, mais son succès dépendra de sa mise en œuvre concrète. Lemarquis insiste sur un changement de paradigme essentiel : « La meilleure réponse humanitaire est celle qui réduit les besoins humanitaires ». Cette approche proactive représente un virage stratégique dans la gestion des catastrophes naturelles RDC. Plutôt que de courir après les crises, il s’agit désormais de les prévenir.
L’argument économique avancé par le coordonnateur humanitaire est particulièrement percutant. « La prévention coûte moins cher » que la réponse aux catastrophes, affirme-t-il. Les ressources actuellement mobilisées dans l’urgence pourraient être investies dans des systèmes d’alerte précoce, des infrastructures résilientes et l’éducation des communautés. Ces investissements génèrent « des habitudes, des réflexes communautaires, des mécanismes d’appropriation » qui sauvent des vies et préservent le développement.
La dimension transfrontière de la gestion risques catastrophe apparaît également cruciale. La RDC partage ses écosystèmes et ses vulnérabilités avec ses voisins. Les inondations Congo ne connaissent pas les frontières administratives, pas plus que les retombées des éruptions volcaniques RDC. Une coopération régionale intégrative s’impose donc comme une nécessité absolue pour une réponse coordonnée aux défis communs.
Le Système des Nations Unies, par le biais du Bureau pour la prévention des catastrophes (UNDRR), s’engage à accompagner cette transition vers une gestion plus proactive. Cette mobilisation internationale témoigne de l’importance stratégique de la nouvelle politique nationale risques pour la stabilité de toute la région.
Mais au-delà des institutions et des plans stratégiques, c’est une révolution culturelle qui est nécessaire. Accepter que les catastrophes ne sont pas une fatalité mais le résultat de nos choix de société. Comprendre que chaque franc investi dans la prévention en épargne dix dans la reconstruction. Reconnaître que la véritable richesse de la RDC ne réside pas seulement dans ses ressources naturelles, mais dans sa capacité à protéger son peuple contre les aléas de la nature.
La mise en œuvre de cette politique nationale de gestion des risques représente donc un test décisif pour la gouvernance congolaise. Sa réussite pourrait marquer le début d’une nouvelle ère où les Congolais ne subiraient plus passivement les catastrophes, mais apprendraient à vivre avec elles en réduisant leur vulnérabilité. Le temps n’est plus aux discours mais à l’action concrète, car chaque jour perdu expose des milliers de vies à des dangers évitables.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd