La terre sacrée du cimetière Nécropole de la N’Sele vient d’être souillée par un acte qui frappe au cœur la communauté culturelle congolaise. Dans la pâle lumière du week-end, des proches découvraient avec effroi la sépulture de Marie Misamu violée, sa statue en bronze et ses deux guitares métalliques disparues dans la nuit, telles des notes arrachées à une partition éternelle.
Comment comprendre cette profanation de la tombe de Marie Misamu, neuf ans après que la voix de la diva du gospel congolais se soit éteinte ? L’onde de choc traverse la communauté artistique et religieuse, laissant derrière elle un sillage d’indignation et d’incompréhension. La disparition de ces symboles – la statue aux traits si familiers, les guitares qui semblaient encore accompagner son silence – résonne comme un sacrilège contre la mémoire collective.
Le vol de la statue au cimetière Nsele intervient à un moment particulièrement symbolique : à quelques mois seulement du dixième anniversaire de la disparition de l’artiste. Alors que sa famille envisageait des travaux de rénovation pour honorer dignement cette commémoration, c’est un vide qui accueille désormais les visiteurs. La pierre tombelle, privée de ses ornements caractéristiques, semble murmurer l’absence là où régnait l’hommage.
La réaction de Ruth Misamu, fille biologique de l’artiste, sur les réseaux sociaux, a donné une voix à cette douleur collective. « Comment un cimetière sécurisé peut-il laisser une telle chose se produire ? » interroge-t-elle, dans un cri qui soulève des questions plus larges sur la sécurité des cimetières à Kinshasa. Sa colère légitime appelle à la vigilance et à la solidarité : « Si vous avez des informations, n’hésitez pas à nous les communiquer. »
Cet événement tragique nous invite à réfléchir sur la place de nos artistes dans la mémoire collective. Marie Misamu incarnait plus qu’une voix : elle était le lien entre la spiritualité et l’expression artistique, entre la tradition et la modernité du gospel congolais. Sa tombe n’était pas simplement un lieu de recueillement familial, mais un espace de pèlerinage pour des générations d’admirateurs.
Que signifie donc cet acte dans un pays où la culture peine déjà à préserver son patrimoine ? Les actualités du gospel congolais se trouvent malheureusement marquées par ce vol qui dépasse le simple fait divers pour toucher à l’identité culturelle nationale. Les objets volés représentaient bien plus que leur valeur matérielle : ils étaient les gardiens symboliques d’un héritage musical inestimable.
La réaction de Ruth Misamu et de la communauté artistique ouvre cependant une lueur d’espoir dans cette sombre affaire. L’appel à témoins et la mobilisation des admirateurs pourraient permettre de retrouver les précieux artefacts. Plus profondément, cet événement pourrait servir de catalyseur pour une réflexion nationale sur la protection de notre patrimoine culturel et mémoriel.
Alors que les investigations se poursuivent, une question demeure : comment honorer ceux qui ont bâti la culture congolaise si nous ne protégeons pas les lieux où repose leur mémoire ? La réponse se construira peut-être dans la manière dont la société congolaise toute entière saura se mobiliser pour que de tels actes ne se reproduisent plus, et que l’héritage des artistes comme Marie Misamu continue d’inspirer les générations futures.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net