Dans une déclaration télévisée samedi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé son espoir de voir tous les otages retenus dans la bande de Gaza libérés « dans les prochains jours ». Cette annonce intervient alors que des délégations israélienne et du Hamas doivent se rendre au Caire lundi pour des négociations cruciales sous médiation égyptienne, marquant un tournant potentiel dans ce conflit qui dure depuis plusieurs semaines.
Le timing de ces déclarations n’est pas anodin : elles coïncident avec le début de la fête juive de Souccot, donnant une dimension symbolique particulière à ces négociations. Comment ces pourparlers pourront-ils aboutir alors que les bombardements se poursuivent ? La question reste en suspens alors que les positions des différentes parties semblent encore éloignées.
L’Égypte, pays médiateur historique dans ce conflit, a confirmé la tenue de ces discussions qualifiées d’« indirectes » par la chaîne Al-Qahera News, proche des services de renseignement égyptiens. Ces négociations visent à préciser les « détails concernant l’échange de tous les détenus israéliens et des prisonniers palestiniens » détenus par Israël, selon les termes officiels du gouvernement égyptien.
La dimension internationale de ces négociations s’accentue avec l’arrivée annoncée de l’émissaire américain Steve Witkoff et de Jared Kushner, gendre de l’ancien président Donald Trump. Leur mission : finaliser les modalités pratiques de la libération des otages dans le cadre du plan américain présenté fin septembre. Ce plan Trump pour Gaza prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages dans les 72 heures, et le retrait progressif de l’armée israélienne du territoire palestinien.
Pourtant, sur le terrain, la réalité contraste fortement avec ces déclarations optimistes. L’armée israélienne a annoncé la poursuite de ses opérations militaires dans la bande de Gaza, malgré l’appel pressant de Donald Trump à « arrêter immédiatement les bombardements ». Le président américain avait pourtant mis en garde le Hamas contre tout retard dans l’application de son plan, soulignant l’urgence de la situation.
Les conséquences humanitaires de ces frappes continuent de s’alourdir. Selon la Défense civile opérant sous l’autorité du Hamas, au moins 57 personnes ont perdu la vie samedi dans des bombardements israéliens. Dans la seule ville de Gaza, cible d’une offensive majeure depuis environ quinze jours, 18 civils sont morts lors d’une frappe visant une habitation familiale. « Israël a en fait intensifié son offensive » depuis l’appel de M. Trump, constate amèrement Mahmoud al-Ghazi, un habitant de Gaza-ville.
L’armée israélienne contrôle désormais environ 75 % de la bande de Gaza et poursuit ses opérations à Gaza-ville, présentée comme le principal bastion du Hamas. Les autorités militaires israéliennes exhortent les civils à s’éloigner de la zone, mais dans cet territoire densément peuplé, les options de repli restent limitées.
En Israël, le Forum des familles d’otages a salué la demande américaine de mettre fin immédiatement à la guerre. Comme chaque samedi soir, des manifestations appelant à la libération des otages ont rassemblé des milliers de personnes à Jérusalem et Tel-Aviv. Sur les pancartes, un message simple mais poignant : « Le peuple veut la paix ».
Les positions respectives d’Israël et du Hamas révèlent pourtant des divergences fondamentales. Benjamin Netanyahu a promis de désarmer le Hamas, « soit via le plan américain, soit par des moyens militaires ». Le mouvement islamiste, de son côté, s’est déclaré prêt à libérer « tous les otages vivants » et à rendre les corps des otages décédés en échange de prisonniers palestiniens, mais sans évoquer son propre désarmement.
Le Hamas a également souligné sa volonté de participer aux discussions sur l’avenir du territoire, une perspective que rejette catégoriquement Israël. L’État hébreu a juré de détruire le mouvement islamiste et lui refuse tout rôle dans l’après-guerre, créant ainsi une impasse politique potentielle.
Le plan américain propose la mise en place d’une autorité de transition formée de technocrates, chapeautée par Donald Trump lui-même, et le déploiement d’une force internationale. Il exclut explicitement tout rôle du Hamas « dans la gouvernance de Gaza », mais la faisabilité de cette proposition reste incertaine face aux réalités du terrain.
Alors que les délégations se préparent à se rencontrer au Caire, la communauté internationale observe avec attention ces négociations otages Gaza qui pourraient marquer un tournant décisif dans ce conflit israélo-palestinien. Les prochaines heures seront cruciales pour déterminer si ces pourparlers aboutiront à une véritable trêve ou si elles ne représenteront qu’un autre épisode dans cette longue histoire de violence.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net