« Comment voulez-vous que nos enfants étudient sans lumière ? Comment pouvons-nous conserver nos aliments sans réfrigération ? » Ces questions brûlantes résonnaient dans les rues de Lubumbashi ce matin, alors que des centaines de militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) marchaient pacifiquement pour dénoncer l’insupportable situation des coupures électricité Lubumbashi.
Le cortège, déterminé mais discipliné, a parcouru les artères principales de la capitale du Haut-Katanga, scandant des slogans contre la Société nationale d’électricité (SNEL). Les visages étaient marqués par l’exaspération après des mois, voire des années, de services erratiques. « Nous en avons assez de payer des factures pour un service que nous ne recevons pas », témoigne Jean Kabasele, habitant du quartier Kenya depuis quinze ans.
La colère des manifestants trouve son origine dans le délestage électricité RDC qui frappe particulièrement cette région minière. Plusieurs quartiers résidentiels subissent des interruptions de courant pouvant durer plusieurs jours, paralysant la vie économique et sociale. Les commerçants voient leurs produits périr, les étudiants ne peuvent plus réviser le soir, et les hôpitaux doivent fonctionner avec des groupes électrogènes coûteux.
Cette manifestation LUCHA SNEL s’inscrit dans une longue série de mobilisations citoyennes contre la dégradation des services publics en République Démocratique du Congo. Le mouvement citoyen RDC montre ainsi sa détermination à porter la voix des populations abandonnées par les services de l’État. « Nous ne sommes pas contre la SNEL en tant qu’institution, mais nous exigeons qu’elle remplisse sa mission de service public », explique un porte-parole de LUCHA.
Le point d’orgue de cette action citoyenne a été la remise d’un mémorandum au directeur régional Sud intérimaire de la SNEL. Ce document détaille les revendications des habitants : une programmation transparente des délestages, une amélioration tangible de la qualité du service, et une révision du système tarifaire qui tienne compte de la réalité du service rendu.
La situation actuelle des services SNEL Haut-Katanga interroge sur la capacité de l’entreprise publique à répondre aux besoins croissants en électricité dans cette région économiquement stratégique. Alors que le Haut-Katanga représente un pilier de l’économie congolaise avec son secteur minier florissant, la population continue de souffrir de carences énergétiques qui freinent le développement local.
Les responsables de la SNEL ont accueilli la délégation et promis d’étudier les revendications. Mais les habitants, habitués aux promesses non tenues, restent sceptiques. « Combien de fois avons-nous entendu que la situation allait s’améliorer ? », s’interroge Marie Mbuji, mère de famille. « Pendant ce temps, nos enfants font leurs devoirs à la lumière des lampes tempêtes, comme au siècle dernier. »
Cette mobilisation soulève des questions fondamentales sur l’accès à l’énergie comme droit fondamental. Dans un pays aussi riche en ressources naturelles que la RDC, comment expliquer que des villes entières vivent dans l’obscurité ? Le paradoxe est criant : une région qui produit des minerais essentiels à l’industrie mondiale ne parvient pas à assurer l’électricité à ses propres habitants.
Au-delà de la simple dénonciation, la manifestation LUCHA SNEL propose des alternatives et des solutions concrètes. Les militants demandent notamment la publication d’un calendrier réaliste des travaux de maintenance, la mise en place d’un système d’alerte pour les coupures programmées, et une meilleure répartition de l’énergie disponible entre les différents usagers.
La balle est maintenant dans le camp des autorités et de la direction de la SNEL. Les prochains jours seront déterminants pour savoir si cette nouvelle mobilisation portera ses fruits ou si elle rejoindra la longue liste des protestations sans suite. Une chose est certaine : la patience des habitants de Lubumbashi arrive à son terme, et le mouvement citoyen RDC ne compte pas baisser la pression tant que des améliorations concrètes ne seront pas visibles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
