La gestion financière du gouvernement congolais navigue en eaux troubles. Les dernières données budgétaires révèlent un dépassement spectaculaire de 409% des frais de fonctionnement de la Primature au premier semestre 2025, soulevant des interrogations fondamentales sur la maîtrise des deniers publics.
Selon les états de suivi budgétaire de la Direction générale des politiques et programmation budgétaire, l’exécution budget RDC pour la Primature affiche des chiffres pour le moins éloquents : 175 milliards de francs congolais (61,4 millions USD) dépensés en seulement six mois. Comment expliquer une telle dérive financière dans un contexte où la population attend une gestion rigoureuse des ressources nationales ?
L’analyse détaillée des postes de dépenses révèle des déséquilibres structurels préoccupants. Les rémunérations du personnel ont absorbé 27,4 millions USD, atteignant un taux d’exécution de 61% par rapport aux prévisions annuelles. Mais le véritable sujet d’étonnement réside dans l’explosion des frais de fonctionnement, qui ont bénéficié de 22,4 millions USD contre une prévision initiale de seulement 4,4 millions USD. Cette exécution à 509% du budget alloué interpelle sur les mécanismes de contrôle des engagements financiers.
Le dépassement budgétaire 2025 ne se limite pas à ces seules rubriques. La catégorie « Biens et Matériels » a également englouti 2,5 millions USD supplémentaires pour l’équipement de la Primature, portant le total des dépenses directement imputables au cabinet de la Première ministre à plus de 52 millions USD sur la période. Une somme colossale qui contraste avec les strictes mesures d’austérité souvent annoncées.
Face à ces chiffres, la gestion financière gouvernementale semble montrer des signes de fragilité. Comment justifier de tels écarts entre les prévisions et les réalisations ? Les procédures de contrôle interne ont-elles été respectées ? Ces questions méritent d’autant plus d’être posées que près de 9 millions USD supplémentaires ont été engagés par la Primature pour le compte du gouvernement général, notamment dans les infrastructures publiques.
La situation actuelle des dépenses fonctionnement Primature dessine le portrait d’une administration dont les mécanismes de régulation budgétaire apparaissent défaillants. Le principe de annualité budgétaire, pierre angulaire de toute gestion publique saine, semble mis à mal par des pratiques qui frôlent l’improvisation financière. Le gouvernement pourra-t-il présenter des justifications convaincantes à une opinion publique de plus en plus soucieuse de transparence ?
Au-delà des chiffres, c’est la crédibilité même de l’exécutif qui se joue dans ce dossier. La Primature RDC, en tant que pilier de l’action gouvernementale, se doit de montrer l’exemple en matière de rigueur financière. Les prochains mois révéleront si cette dérive budgétaire n’était qu’un accident de parcours ou le symptôme d’un malaise plus profond dans la gestion des finances publiques congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net