Alors que les cloches des écoles auraient dû retentir dans tout le Nord-Kivu, un silence inquiétant persiste dans les zones contrôlées par le mouvement rebelle M23. La rentrée scolaire, effective ailleurs dans la province, connaît des difficultés majeures dans les territoires de Masisi, Rutshuru, certaines parties de Walikale et même en périphérie de Goma. Mais quelle est la véritable cause de cette paralysie éducative qui prive des milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation ?
La suspension de la gratuité de l’enseignement, instaurée par le gouvernement congolais, apparaît comme le principal facteur bloquant. Les rebelles du M23 auraient imposé leur propre système de tarification, rendant l’éducation inaccessible pour de nombreuses familles déjà fragilisées par le conflit. Comment expliquer qu’une mesure sociale bénéfique soit ainsi sacrifiée sur l’autel des intérêts particuliers ?
En ville de Goma et ses environs, la colère gronde parmi les parents d’élèves. « Depuis quelques années, nous étions fiers de cette gratuité qui permettait à tous nos enfants d’étudier », témoigne un parent résidant à Goma. « Aujourd’hui, avec les frais imposés par les nouveaux dirigeants, nos enfants risquent de rester à la maison. Nous, parents, ne travaillons plus suite au conflit, comment pourrions-nous payer ces frais scolaires ? »
Cette crise de la rentrée scolaire au Nord-Kivu ne touche pas seulement les établissements publics. Les écoles privées subissent également le contrecoup de cette situation. Un autre parent explique amèrement : « Avant la prise de cette ville, j’avais les moyens de scolariser mes enfants et même ceux de mes proches. Aujourd’hui, face aux nouvelles exigences financières dans les écoles, je me trouve dans l’incapacité totale d’assurer leur éducation. »
La situation devient particulièrement dramatique dans certaines localités comme Kiwanja, où les établissements scolaires fonctionnent au ralenti. Un enseignant de la localité décrit une réalité alarmante : « Depuis la rentrée scolaire, nous devons chasser des salles de classe des élèves et écoliers dont les parents ne peuvent pas payer les frais exigés. Ces enfants regardent, impuissants, leurs camarades poursuivre leur scolarité tandis qu’eux sont contraints de retourner à la maison. »
L’occupation des écoles par les rebelles et la transformation de certains établissements en bases militaires compliquent davantage la situation. Comment envisager une reprise normale des activités pédagogiques dans un environnement où la sécurité n’est pas garantie et où les infrastructures scolaires sont détournées de leur vocation première ?
La crise éducative dans le Nord-Kivu pose des questions fondamentales sur l’avenir de toute une génération. Quel impact cette interruption prolongée de la scolarité aura-t-elle sur le développement de la région ? Comment empêcher que des milliers d’enfants ne deviennent une génération sacrifiée, privée d’éducation et donc d’avenir ?
Les organisations humanitaires présentes dans la région tirent la sonnette d’alarme. La combinaison entre la crise sécuritaire et la suspension de la gratuité de l’éducation crée une situation explosive qui risque de compromettre des années d’efforts pour améliorer l’accès à l’enseignement dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
Alors que l’année scolaire avance, la pression monte pour trouver une solution urgente à cette crise. Les enfants des zones occupées par le M23 méritent-ils moins d’éducation que ceux des autres régions ? La communauté nationale et internationale peut-elle rester indifférente face à cette violation du droit fondamental à l’éducation ?
La résolution de cette crise de la rentrée scolaire dans le Nord-Kivu nécessite une approche multidimensionnelle combinant dialogue, pression diplomatique et mobilisation de tous les acteurs concernés. L’avenir éducatif de milliers d’enfants congolais en dépend directement.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net