La Société Nationale d’Électricité (SNEL) entame une nouvelle ère avec la nomination récente de sa direction, un changement salué par les organisations citoyennes mais qui s’annonce comme un défi monumental face à une crise énergétique persistante. La Nouvelle Société Civile Congolaise et le Comité d’actions citoyenne voient dans cette décision un signal positif, tout en maintenant une vigilance accrue quant aux réformes concrètes à venir.
Le constat actuel de la crise énergétique RDC est sans appel : Kinshasa, métropole de plus de 15 millions d’habitants, subit des coupures électricité Kinshasa quasi-permanentes qui paralysent l’économie et compromettent la sécurité des citoyens. Comment envisager un développement économique durable lorsque les entreprises doivent consacrer jusqu’à 40% de leurs coûts d’exploitation à l’achat de carburant pour groupes électrogènes ? Cette situation absurde mine la compétitivité des entreprises congolaises sur le marché international.
La SNEL nouvelle direction hérite d’un passif lourd : un réseau vétuste, des pertes techniques estimées à 30% de la production, et une défiance généralisée des usagers. Les pratiques de facturation abusive et les branchements anarchiques ont creusé un fossé entre l’entreprise publique et ses clients. Le secteur privé, principal moteur de la croissance nationale, paie un lourd tribut à cette instabilité énergétique.
La société civile SNEL propose cinq axes prioritaires pour cette transition. Premièrement, l’instauration d’un système de facturation transparent et participatif pourrait restaurer la confiance des consommateurs. Deuxièmement, un plan d’urgence pour Kinshasa s’impose, ciblant particulièrement les hôpitaux et établissements scolaires. Comment accepter que des vies soient perdues dans des centres de santé privés d’électricité ?
Troisièmement, la gouvernance interne nécessite une refonte complète pour éradiquer les pratiques clientélistes. Quatrièmement, l’ouverture d’un dialogue permanent avec les usagers constituerait une rupture salutaire avec les méthodes du passé. Enfin, la valorisation du potentiel hydroélectrique national, notamment le projet Inga III, représente un enjeu stratégique pour toute la région.
La réforme électricité Congo dépasse le simple cadre technique : elle engage la crédibilité du pays auprès des investisseurs internationaux. Avec un potentiel hydroélectrique estimé à 100.000 MW, la RDC pourrait non seulement assurer son autosuffisance énergétique mais aussi devenir un exporteur majeur en Afrique centrale. Le paradoxe est cruel : le pays dispose de ressources énergétiques colossales tandis que sa population vit dans l’obscurité.
L’impact économique des délestages répétés se chiffre en milliards de dollars de pertes annuelles. Les petites et moyennes entreprises, véritable colonne vertébrale de l’économie congolaise, sont les premières victimes de cette situation. Leur capacité d’investissement et de création d’emplois se trouve considérablement réduite par ces contraintes énergétiques.
La nouvelle équipe dirigeante devra faire preuve de courage politique pour imposer les réformes nécessaires. La modernisation du réseau de distribution, la digitalisation des services et la professionnalisation des équipes techniques représentent des investissements indispensables. Mais au-delà des aspects techniques, c’est une véritable révolution culturelle qui s’impose au sein de l’entreprise publique.
La transition énergétique réussie passerait par une approche mixte : optimisation des infrastructures existantes et accélération des projets structurants. Les mini-barrages et énergies renouvelables pourraient apporter des solutions rapides aux zones périurbaines tandis que les grands projets hydroélectriques sécuriseraient l’avenir énergétique national.
Le défi est de taille, mais les enjeux économiques sont trop importants pour permettre un nouvel échec. La stabilité énergétique conditionne directement l’attractivité du pays pour les investissements étrangers, la compétitivité des entreprises locales et le développement humain. La lumière dans les foyers congolais n’est pas qu’une question de confort – c’est un impératif économique et social.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net