La ville de Kisangani traverse une nouvelle zone de turbulence politique avec l’arrestation, ce mercredi 1er octobre, de Jedidia Mabela, militant du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA). Cette intervention policière survient dans un contexte de tensions croissantes entre les mouvements citoyens et les autorités provinciales de la Tshopo, cristallisées par un sit-in devant l’Assemblée provinciale la veille de cette arrestation.
Selon la LUCHA, section de Kisangani, cette arrestation arbitraire serait menée sur instigation des autorités provinciales, une accusation lourde qui jette une lumière crue sur les méthodes de gouvernance dans cette province stratégique de la République Démocratique du Congo. Le Parquet Général, où le militant est actuellement auditionné, devient ainsi le théâtre d’une confrontation judiciaire aux implications politiques évidentes.
La manifestation pacifique initiée mardi 30 septembre par la LUCHA et Filimbi devant l’Assemblée provinciale de la Tshopo visait à exiger un contrôle parlementaire rigoureux des autorités provinciales. Cette initiative citoyenne, légitime dans un État de droit, a pourtant connu une répression policière dont certains militants, comme Lambert Bikonda, sont sortis blessés. Faut-il voir dans cette réponse sécuritaire une volonté d’étouffer toute voix discordante dans la gestion des affaires provinciales ?
La LUCHA, dans un communiqué à la presse, qualifie ces événements d’attaques et menaces illégales visant à intimider les mouvements citoyens. Le mouvement affirme cependant que ces méthodes de pression ne les feront taire aucunement, signalant une détermination qui pourrait annoncer une escalade des tensions dans les prochains jours. Cette arrestation du militant LUCHA à Kisangani s’inscrit dans une stratégie plus large de répression policière en RDC qui interroge sur le respect des droits fondamentaux.
Contactée par nos soins, la porte-parole du Gouverneur de province a promis une réponse dans les heures qui suivent, laissant planer le doute sur la position officielle des autorités face à cette crise. Ce silence temporaire est-il le signe d’embarras ou au contraire la préparation d’une communication soigneusement calibrée ? La gestion de ce dossier par le gouvernement provincial sera scrutée à la loupe par tous les observateurs de la vie politique congolaise.
Il convient de noter que les mouvements citoyens à Kisangani ont placé le gouvernement provincial dans leur viseur, l’accusant notamment de mauvaise gestion et de surfacturation des marchés de travaux de réhabilitation de la voirie urbaine. Ces accusations touchant à la gestion des deniers publics pourraient-elles expliquer la sensibilité particulière des autorités face aux actions de la LUCHA et autres mouvements citoyens au Congo ?
Le sit-in devant l’Assemblée provinciale de la Tshopo et sa répression violente posent avec acuité la question de l’espace démocratique dans cette province. Jusqu’où les autorités provinciales peuvent-elles aller dans la restriction des libertés fondamentales sans compromettre la stabilité de la région ? La réponse à cette interrogation déterminera certainement l’évolution des rapports entre pouvoir et société civile dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
Alors que la situation reste tendue à Kisangani, l’arrestation de Jedidia Mabela pourrait bien constituer un point de basculement dans les relations entre le pouvoir provincial et les mouvements citoyens. Les prochaines heures seront décisives, tant pour le militant interpellé que pour l’équilibre politique de toute la province de la Tshopo. La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales qui devront arbitrer entre dialogue et répression.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd