Dans les villages de Buhamba et Kaguri, au cœur du groupement Kibati dans le territoire de Nyiragongo, un vent d’espoir souffle enfin sur des familles meurtries par des années de précarité. Comment survivre quand on a tout perdu, quand la sécurité alimentaire n’est plus qu’un lointain souvenir ? Pour 216 ménages vulnérables, la réponse vient de s’écrire avec le lancement officiel, ce mercredi 1er octobre, du projet de résilience et relèvement économique porté par l’ONG Solidarité pour l’émergence de la famille (SEFA).
Le tableau est sombre, mais réaliste. Ces bénéficiaires, soigneusement sélectionnés, représentent le visage d’une population congolaise éprouvée par les crises successives. « Nous avons choisi ces deux villages parce que les bénéficiaires sont tous d’anciens déplacés retournés, complètement dépourvus de moyens », explique le chef de projet de SEFA. La précarité ici n’est pas un concept abstrait, mais une réalité quotidienne qui se mesure en repas sautés et en nuits d’angoisse.
Le projet Résilience Nyiragongo mise sur une approche concrète et pragmatique. Durant les trois derniers mois de l’année 2025, les ménages vulnérables de la RDC bénéficieront d’un accompagnement multidimensionnel. Au programme : des activités génératrices de revenus et un encadrement renforcé dans le cadre de la sécurité alimentaire, le tout articulé autour de l’approche innovante de transfert d’argent humanitaire.
Mais qui sont ces bénéficiaires tant attendus ? Le ciblage a été rigoureux, basé sur des critères précis qui reflètent la complexité de la vulnérabilité dans cette région. Personnes du troisième âge chefs de ménage, jeunes filles assumant seules la responsabilité familiale, entrepreneurs ruinés par les vols et les pertes de ressources… Chaque histoire est unique, mais toutes convergent vers le même besoin : retrouver une autonomie économique.
Le transfert d’argent humanitaire constitue le pilier central de cette intervention à Kibati. Cette approche, de plus en plus privilégiée dans l’aide humanitaire moderne, offre aux bénéficiaires la liberté de déterminer eux-mêmes leurs priorités tout en stimulant l’économie locale. N’est-ce pas là la meilleure manière de restaurer la dignité et l’initiative personnelle ?
La sécurité alimentaire, autre enjeu majeur du projet, ne se limite pas à la distribution de vivres. Il s’agit plutôt d’accompagner ces ménages vulnérables RDC vers une autonomie durable, capable de résister aux chocs futurs. Les activités génératrices de revenus seront adaptées aux réalités locales et aux compétences existantes, créant ainsi un écosystème économique résilient.
Quel impact peut-on réellement espérer de ce projet résilience Nyiragongo ? Les responsables se montrent optimistes mais réalistes. « À la fin de ce projet, beaucoup de bénéficiaires auront déjà repris leurs activités. Économiquement, ils seront peut-être déjà stables et capables de subvenir aux besoins de leurs ménages », avance le chef de projet. Des mots qui résonnent comme une promesse dans une région où l’assistance humanitaire reste souvent la seule bouée de sauvetage.
La situation à Kibati représente un microcosme des défis plus larges auxquels fait face la RDC en matière de développement et de réduction de la pauvreté. Ces villages, comme tant d’autres dans l’est du pays, portent les stigmates des conflits récurrents et de la précarité institutionnelle. Le projet de SEFA s’inscrit donc dans une logique plus large de reconstruction post-crise, où la résilience économique devient un rempart contre la vulnérabilité chronique.
Au-delà des chiffres et des mécanismes d’aide, c’est bien la dignité retrouvée qui constitue l’objectif ultime de cette intervention. Comment mesurer l’espoir qui renaît dans le cœur d’une grand-mère qui pourra enfin offrir un repas décent à ses petits-enfants ? Comment quantifier la fierté d’un jeune entrepreneur qui relève la tête après avoir tout perdu ?
Alors que le projet Résilience Nyiragongo commence tout juste son déploiement, les regards sont tournés vers l’avenir. Les trois mois d’accompagnement intensif représentent une fenêtre d’opportunité cruciale pour ces 216 ménages. Le succès de cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres régions confrontées aux mêmes défis, prouvant qu’avec les bons outils et la bonne approche, même les situations les plus désespérées peuvent connaître un début de solution.
Dans un pays où les crises se superposent et s’entremêlent, le projet de SEFA à Kibati apparaît comme une lueur dans l’obscurité. Il démontre que la réponse humanitaire peut et doit évoluer vers des modèles plus durables, plus respectueux des capacités locales et plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté structurelle. Reste à présent à transformer cet espoir en réalité tangible pour ces familles qui ont déjà tant attendu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net