La démission de Vital Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale RDC ouvre un chapitre politique aux conséquences potentiellement profondes pour l’échiquier congolais. Ce départ orchestré sous la pression d’une pétition parlementaire transforme soudainement l’ancien speaker en prétendant libéré de ses obligations institutionnelles, capable désormais de se consacrer pleinement aux élections présidentielles 2028.
Le timing de cette éviction interroge : pourquoi cette précipitation à écarter le président de l’Assemblée nationale alors que le mandat de Félix Tshisekedi entre dans sa phase finale ? La manœuvre révèle-t-elle les craintes que inspire la montée en puissance d’un candidat potentiellement gênant pour le camp présidentiel ? La stratégie de l’UDPS consiste-elle à neutraliser par avance toute velléité de concurrence sérieuse lors du prochain scrutin présidentiel ?
Les déclarations de Didier Kamerhe, frère et conseiller du principal concerné, ne laissent planer aucun doute sur l’interprétation à donner à cet épisode politique. Son tweet, bien qu’éphémère, dévoile la perception d’une machination visant spécifiquement « le présidentiable gênant de l’Est ». Cette formulation traduit la conviction d’une opération préméditée pour écarter un rival encombrant du jeu politique congolais.
Vital Kamerhe se trouve désormais confronté à un choix stratégique déterminant pour son avenir politique. L’homme qui a successivement rompu ses alliances avec Joseph Kabila puis Félix Tshisekedi peut-il encore construire une candidature crédible sans le soutien d’un parti majeur ? Son ambition déclarée d’accéder un jour à la magistrature suprême nécessite-t-elle une nouvelle mue politique ou au contraire l’affirmation d’une voie indépendante ?
La démission du leader de l’UNC fait voler en éclats la façade unitaire de l’Union sacrée pour la Nation. Les partisans de Kamerhe dénoncent une humiliation orchestrée par des députés du parti présidentiel, remettant en cause la confiance mutuelle entre les formations politiques soutenant Félix Tshisekedi. Cette crise pourrait-elle précipiter le départ de l’UNC de la majorité présidentielle ? L’équilibre des forces au sein de la coalition sortante résistera-t-il à ce séisme politique ?
Face à la tempête, le président de la République tente d’apaiser les tensions. Depuis New York, Félix Tshisekedi a multiplié les déclarations rassurantes, affirmant son attachement à l’alliance avec Kamerhe et niant toute implication dans sa démission. « Je continue à le considérer comme un allié, comme un frère », a-t-il insisté, tout en rappelant son rôle de garant de la stabilité institutionnelle. Cette posture conciliatrice suffira-t-elle à calmer la colère des partisans de l’UNC ?
Le chef de l’État congolais se trouve pris dans un dilemme cornélien : comment maintenir la cohésion de sa majorité tout en laissant s’exprimer les rivalités internes inhérentes à toute coalition politique ? Son intervention publique révèle la conscience aiguë des risques que fait peser cette crise sur l’équilibre du pouvoir en RDC.
La démission de Vital Kamerhe pourrait marquer un tournant décisif dans la préparation des élections présidentielles 2028. Libéré du carcan institutionnel, l’ancien président de l’Assemblée nationale dispose désormais du temps et de la liberté nécessaires pour construire sa stratégie électorale. Cette situation inédite ouvre une période d’incertitude politique dont les conséquences pourraient redéfinir durablement le paysage politique congolais.
Les prochains mois révéleront si cette démission constitue un recul tactique ou au contraire le point de départ d’une reconquête politique. La capacité de Vital Kamerhe à transformer cette épreuve en opportunité déterminera son avenir sur la scène politique nationale. Entre calcul stratégique et règlement de comptes, l’affaire Kamerhe illustre les complexités de la démocratie congolaise en pleine maturation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net