Les uniformes bleu et blanc ont refait leur apparition ce lundi 29 septembre dans les rues de Njiapanda, marquant une reprise scolaire aussi attendue qu’inquiétante. Après plus de quinze jours de fermeture forcée, les établissements scolaires de cette sous-division du Nord-Kivu rouvrent leurs portes dans un contexte sécuritaire toujours précaire.
Comment assurer l’éducation des enfants dans une région où la menace des combattants ADF plane toujours ? La question hante les parents, les enseignants et les autorités locales. Si les écoles Salita, Masapi, Etaetu et Beua ont effectivement repris les cours, la fréquentation reste timide, reflet palpable des craintes familiales.
« Plusieurs parents préfèrent garder leurs enfants à la maison », constate amèrement un acteur de la société civile locale. Cette prudence parentale s’explique par le traumatisme récent du massacre de Ntoyo, survenu dans la nuit du 8 au 9 septembre 2025, où plus de 70 civils ont perdu la vie, dont quatre enseignants.
L’ombre de cette attaque, la plus meurtrière jamais enregistrée dans le secteur de Bapere, plane toujours sur la région. Le territoire de Lubero, théâtre d’activités rebelles depuis plus d’un an, peine à tourner la page de cette tragédie. Comment envisager sereinement l’avenir scolaire quand le souvenir des violences reste si vivace ?
La reprise partielle cache une réalité plus complexe : 24 établissements scolaires demeurent fermés dans le secteur de Bapere. Parmi eux, 17 écoles primaires et 7 écoles secondaires attendent toujours des conditions sécuritaires minimales pour rouvrir. Les localités de Midede, Bandulu, Ombole, Isange, Mabuo et Fatua restent particulièrement vulnérables, l’activisme des groupes armés y empêchant tout retour à la normale.
« Pour l’année scolaire 2025-2026, nous ne voulons plus entendre parler d’écoles délocalisées », martèle la société civile. Le message est clair : les solutions temporaires ont montré leurs limites. La demande est désormais celle d’une approche structurelle, avec la construction de bâtiments scolaires sécurisés dans les grandes agglomérations.
La suspension scolaire au Nord-Kivu révèle ainsi un problème plus profond : celui de l’éducation dans les zones de conflit. Comment concilier droit à l’éducation et impératif de sécurité ? Les acteurs locaux appellent à une délocalisation effective des écoles exposées, accompagnée d’équipements adaptés et de mesures de protection concrètes.
La situation à Njiapanda et dans le territoire de Lubero illustre les défis immenses auxquels fait face le système éducatif congolais dans les régions en proie à l’insécurité. Alors que l’année scolaire 2025-2026 peine à démarrer normalement, enseignants et élèves tentent de composer avec une réalité où la peur côtoie quotidiennement l’apprentissage.
La persistance des menaces ADF dans cette partie de la RDC interroge la capacité des autorités à protéger les établissements scolaires et à garantir le droit fondamental à l’éducation. Entre reprise timide et fermetures forcées, l’avenir éducatif de toute une génération se joue dans l’équilibre précaire entre salles de classe et champs de bataille.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd