La baisse récente du taux de change dollar RDC, enregistrée depuis le début de la semaine dernière, suscite des interrogations profondes sur son impact réel sur l’économie des ménages. Alors que le billet vert est passé de plus de 2800 francs congolais à environ 2650 FC dans l’ensemble de Kinshasa, cette dépréciation apparente ne semble pas avoir produit les effets escomptés sur le pouvoir d’achat des citoyens.
L’opposant Delly Sesanga, leader du parti Envol, a vivement dénoncé cette situation lors d’un meeting tenu ce samedi 27 septembre dans la commune de Matete. Devant ses militants, il a qualifié cette baisse de « quasi factice », soulignant l’absence de retombées concrètes sur le marché des produits de première nécessité. « Ils disent que le taux du dollar a baissé, mais on constate que les prix sont restés en hausse », a-t-il martelé, pointant du doigt l’incohérence entre les indicateurs monétaires et la réalité économique vécue par les Congolais.
Le député national a illustré son propos par des exemples concrets qui résonnent douloureusement dans le quotidien des ménages kinois. « La baguette de pain qu’ils ont trouvée à 200 FC se vend à 1000 FC, malgré la baisse. La mesurette de semoule coûtait 2000 FC, mais aujourd’hui c’est à 4000 FC. » Ces chiffres, cités avec amertume, dressent le portrait d’une économie où la stabilisation monétaire ne se traduit pas par un soulagement pour les portefeuilles des citoyens ordinaires.
Comment expliquer ce paradoxe économique où la baisse dollar Kinshasa ne profite pas aux consommateurs ? Les économistes pointent plusieurs mécanismes pouvant créer ce décalage : la rigidité à la baisse des prix dans un contexte inflationniste persistant, les délais de transmission entre les marchés financiers et les circuits de distribution, ou encore la méfiance des commerçants face à une évolution qu’ils jugent peut-être temporaire.
Face à ces critiques, le gouvernement défend sa politique économique. Le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a présenté mardi dernier devant le Comité de conjoncture économique les mesures ayant conduit à cette stabilisation. « La Banque centrale a procédé à un ajustement du niveau des réserves obligatoires tandis que le gouvernement a poursuivi un resserrement budgétaire, notamment par la bonne gestion des échéances fiscales », a-t-il expliqué.
Cette coordination entre autorités monétaires et budgétaires représente-t-elle une avancée durable ou une simple embellie passagère ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que Delly Sesanga dénonce parallèlement des priorités gouvernementales qu’il juge déconnectées des urgences sociales. « En lieu et place d’améliorer, ils veulent encore l’augmentation du train de vie des institutions. Les discussions au parlement font fi de la situation sociale de la population. »
L’écart entre les indicateurs macroéconomiques et la réalité microéconomique des ménages interroge fondamentalement sur l’efficacité des politiques monétaires dans le contexte congolais. Si le franc congolais se raffermit effectivement face au dollar, pourquoi les prix produits première nécessité restent-ils obstinément élevés ? Cette dissonance suggère que les défis structurels de l’économie congolaise dépassent la simple question des taux de change.
La situation actuelle représente un véritable cas d’école pour les spécialistes de l’économie congolaise actualités. Elle met en lumière la complexité des canaux de transmission entre politique monétaire et économie réelle, particulièrement dans un pays où l’informalité domine les échanges commerciaux. La persistance de prix élevés malgré l’appréciation de la monnaie locale pourrait s’expliquer par des facteurs comme les anticipations inflationnistes des agents économiques, les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, ou encore la méfiance généralisée envers la durabilité de cette tendance.
À moyen terme, la crédibilité de la politique économique gouvernementale se jouera sur sa capacité à faire bénéficier l’ensemble de la population des effets de cette stabilisation monétaire. Les prochaines semaines seront déterminantes pour observer si la baisse du dollar se traduira enfin par un soulagement tangible pour les ménages congolais, ou si elle restera confinée aux tableaux de bord des institutions financières.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd