Le silence inquiétant qui plane sur les terres du Mai-Ndombe cache des blessures profondes. Depuis le 27 septembre, le ministre de l’Intérieur Jacquemin Shabani arpente cette province meurtrie, témoin des conflits communautaires qui déchirent le tissu social. Comment en est-on arrivé à cette fracture qui menace la cohésion nationale ?
Accompagné d’une délégation parlementaire locale, le ministre porte un message d’apaisement face aux violences intercommunautaires récurrentes. « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur ces tensions qui embrasent notre province », confie un habitant de Kwamouth, sous couvert d’anonymat. La situation est si tendue que des milliers de familles ont fui leurs foyers, créant une crise humanitaire silencieuse.
La réponse du gouvernement se concrétise par l’annonce d’un forum pour la paix à Inongo. Cette initiative ambitieuse vise à réunir toutes les communautés autour d’une table unique de discussion. Mais au-delà des simples conflits ethniques, le forum devra également adresser les contentieux territoriaux ancestraux et les limites entre territoires et groupements. Comment reconstruire la confiance entre des populations qui se regardent en chiens de faïence ?
La dimension humanitaire de cette crise ne peut être ignorée. À Mpouya, au Congo-Brazzaville, des réfugiés congolais du village Bweba attendent désespérément de retrouver leurs terres ancestrales. Leur calvaire illustre l’urgence d’une solution durable. « Nous voulons simplement rentrer chez nous, cultiver nos champs et vivre en paix avec nos voisins », témoigne une mère de famille rencontrée à la frontière.
Les déplacés de Kwamouth et Bolobo représentent l’autre facette de cette tragédie. Leurs récits se ressemblent : fuite précipitée, biens abandonnés, avenir incertain. Le ministre Shabani assure que leur sort sera au cœur des discussions du forum. Mais comment organiser un retour sécurisé quand la méfiance persiste ? La question reste entière.
La mission du ministre dépasse la simple médiation. Il s’agit de poser les bases d’une réconciliation durable dans le Mai-Ndombe. Les conflits communautaires ne se résument pas à des querelles locales ; ils menacent la stabilité de toute une région et, par extension, celle du pays. Le forum d’Inongo représente donc un test crucial pour la capacité de l’État à ramener la paix dans des zones en proie à des tensions persistantes.
Au-delà des discours et des bonnes intentions, la réussite de cette initiative se mesurera à l’aune du retour effectif des déplacés et réfugiés. Les populations attendent des actes concrets, des garanties de sécurité et une justice équitable. La route vers la paix sera longue, mais chaque pas compte. Le Mai-Ndombe mérite-t-il de rester une province oubliée, rongée par les conflits communautaires ? La réponse se construira dans les prochaines semaines, autour des tables de négociation d’Inongo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net