Dans un coup de semonce qui secoue le paysage académique congolais, la ministre de l’Enseignement supérieur prend une décision radicale : la suspension honoris causa RDC devient effective immédiatement. Cette mesure, annoncée ce jeudi, suspend indéfiniment l’octroi du prestigieux titre dans tous les établissements publics et privés du pays.
Mais pourquoi une telle décision ? La professeure Marie-Thérèse Sombo, ministre de l’ESU, estime que le doctorat honoris causa a perdu de sa superbe. « Ce titre est malheureusement attribué au mépris du prestige et de l’image qu’il incarne réellement », déplore-t-elle dans un communiqué officiel. La dévaluation symbolique de cette distinction honorifique aurait atteint un point critique, provoquant l’irritation croissante de la communauté universitaire et de l’opinion publique.
Comment en est-on arrivé là ? Durant les cinq dernières années, l’attribution de ce titre s’est transformée en véritable cascade, particulièrement en direction d’acteurs politiques. Ces distinctions, censées récompenser des contributions exceptionnelles à la science ou à la société, sont souvent perçues comme des récompenses de complaisance. Quel message cela envoie-t-il aux véritables chercheurs qui consacrent leur vie à l’avancement des connaissances ?
Le problème fondamental réside dans l’absence de cadre réglementaire clair. Actuellement, chaque université dispose de sa propre procédure, créant des disparités inquiétantes dans les critères d’attribution. « Nous travaillons sur l’élaboration d’un cadre réglementaire par les services spécialisés », affirme le ministère. L’objectif ? Combler le vide existant sur les conditions, les critères et la procédure d’octroi de ce titre prestigieux.
Cette suspension intervient à un moment crucial pour l’enseignement supérieur congolais. Alors que la RDC cherche à renforcer la crédibilité de ses institutions académiques sur la scène internationale, la banalisation des distinctions honorifiques risque de compromettre ces efforts. Les titres honorifiques universités doivent-ils devenir des instruments de reconnaissance authentique ou continueront-ils d’être perçus comme des récompenses politiques ?
La réaction de la communauté universitaire est mitigée. Certains applaudissent cette courageuse décision qui, selon eux, arrive à point nommé pour sauvegarder l’intégrité académique. D’autres s’interrogent sur la durée de cette suspension et sur les modalités pratiques du futur cadre réglementaire. Quand pourra-t-on espérer voir renaître un système d’attribution crédible et transparent ?
La règlementation éducation RDC que prépare le ministère promet d’instaurer un « formalisme rigoureux d’attribution des prix scientifiques, du Doctorat Honoris Causa et d’autres distinctions honorifiques ». Cette réforme inclura le processus de désignation des personnalités méritantes, avec des critères objectifs et vérifiables. Mais comment garantir que ces nouvelles règles seront appliquées équitablement sur l’ensemble du territoire national ?
Cette décision de Marie-Thérèse Sombo marque un tournant dans la gouvernance de l’enseignement supérieur congolais. Elle démontre une volonté politique forte de restaurer la crédibilité des institutions académiques. Cependant, le véritable défi commence maintenant : élaborer un cadre réglementaire qui combine rigueur académique et reconnaissance méritée, sans tomber dans la bureaucratie excessive.
L’enjeu dépasse la simple attribution d’un titre honorifique. Il s’agit de redéfinir les valeurs fondamentales de l’université congolaise et de restaurer la confiance du public envers les institutions d’enseignement supérieur. La suspension actuelle n’est donc pas une fin en soi, mais le commencement d’une réflexion profonde sur l’excellence académique et sa juste reconnaissance.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd