À Masisi-Centre, dans la province troublée du Nord-Kivu, un drame humanitaire se joue dans l’indifférence générale. Des milliers de déplacés de guerre, chassés de leurs villages par les violences persistantes, survivent dans des conditions inimaginables au cœur même des établissements scolaires. Leur quotidien est rythmé par une routine éprouvante : chaque matin, ils doivent plier bagage et libérer les salles de classe pour permettre aux élèves de suivre leurs cours.
Comment peut-on imaginer vivre constamment entre deux portes, sans jamais avoir un lieu à soi ? Cette question hante les familles entassées dans l’enceinte de l’école conventionnée catholique Sainte Cécile de Masisi-Centre. Leurs maigres possessions s’empilent dans les coins, témoins silencieux d’une vie suspendue. Depuis septembre dernier, ce ballet forcé se répète inlassablement, usant les corps et les esprits.
« Nous vivions dans les salles de classe. Mais depuis la rentrée scolaire, nous passons les journées dehors avec nos enfants. Nous ne savons quoi faire. C’est à 13h que nous pouvons rentrer dans les salles de classe. Même la pluie nous trouve dehors, c’est vraiment difficile ! » confie une mère de famille, le regard las. Son témoignage illustre l’urgence d’une situation où la dignité humaine est mise à mal jour après jour.
La saison des pluies actuelle aggrave considérablement cette crise humanitaire au Nord-Kivu. Les familles, dont certaines comptent des nourrissons et des personnes âgées, se retrouvent exposées aux intempéries sans protection adéquate. Les risques sanitaires augmentent de façon alarmante dans ces conditions de vie précaires pour les déplacés du Congo. « Dans ces conditions, je peux tomber malade, même mon bébé peut avoir la fièvre. C’est très difficile ! » ajoute la jeune mère, visiblement épuisée.
Plus d’une dizaine d’écoles à Masisi-Centre continuent d’héberger des déplacés depuis plusieurs mois, créant une situation intenable pour tous. Les élèves voient leur environnement éducatif transformé en camp de fortune, tandis que les déplacés aspirent simplement à retrouver leur foyer. Cette cohabitation forcée soulève des questions fondamentales sur la réponse humanitaire apportée à ces populations vulnérables.
Quelles solutions durables peuvent être envisagées pour ces familles qui ont tout perdu ? L’hébergement dans les écoles peut-il constituer une réponse acceptable à long terme ? La communauté internationale mesure-t-elle l’ampleur de la détresse qui frappe les déplacés de guerre à Masisi ? Autant d’interrogations qui restent sans réponse satisfaisante alors que la crise persiste.
Les conditions de vie des déplacés dans cette région du Nord-Kivu reflètent l’urgence d’une action coordonnée entre le gouvernement congolais et les organisations humanitaires. La saison des pluies qui s’intensifie rend la situation encore plus critique, exposant les plus vulnérables aux maladies hydriques et aux infections respiratoires. Le manque d’abris décents constitue une menace directe pour la santé publique.
Au-delà de l’urgence immédiate, c’est tout le drame des déplacés de guerre en RDC qui se révèle à travers cette situation. Ces familles, arrachées à leurs terres et à leurs moyens de subsistance, survivent dans l’attente incertaine d’un retour possible. Leur calvaire quotidien dans les écoles de Masisi-Centre symbolise l’échec collectif à protéger les civils pris dans les conflits armés qui déchirent l’Est du pays.
La résolution de cette crise humanitaire passe nécessairement par la restauration de la sécurité dans les zones d’origine de ces populations déplacées. En attendant, l’appel lancé par ces familles pour obtenir un abri décent reste sans écho suffisant. La communauté humanitaire se trouve face à un défi de taille : comment assurer une protection minimale à ces milliers de personnes tout en préservant le droit à l’éducation des enfants ?
La situation à Masisi-Centre nous interpelle sur notre capacité collective à répondre aux crises humanitaires avec humanité et efficacité. Les déplacés de guerre méritent mieux que cette existence entre deux mondes, constamment délogés et exposés aux aléas climatiques. Leur dignité et leurs droits fondamentaux doivent être au cœur des préoccupations de tous les acteurs impliqués dans la recherche de solutions durables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
