À Kinshasa, l’effondrement du pont Ngunza menace directement la vie de milliers d’habitants. Jeté sur la rivière Kalamu entre les communes de Ngiri Ngiri, Kalamu et Makala, cet ouvrage vital montre des signes de faiblesse inquiétants qui alertent riverains et usagers.
« Chaque jour qui passe, nous risquons notre vie en traversant ce pont », témoigne Jean, habitant de Ngiri Ngiri depuis quinze ans. « L’affaissement est tel que les déchets plastiques touchent presque la structure. Quand il pleut, c’est la catastrophe annoncée. »
La situation devient particulièrement critique avec le retour de la saison des pluies. Le pont Ngunza, élément clé de l’avenue Elengesa qui traverse cinq communes, se transforme alors en piège mortel. Les eaux de la rivière Kalamu, chargées de détritus, montent rapidement et submergent l’ouvrage. Seuls les gros véhicules osent encore s’y aventurer, laissant piétons et motos dans l’impossibilité de traverser.
Mais comment en est-on arrivé là ? La réponse se trouve peut-être dans l’histoire de sa construction. Lors des travaux de l’avenue Elengesa, le pont n’avait tout simplement pas été inclus dans le contrat. Un oubli qui coûte cher aujourd’hui aux populations locales.
Marie, commerçante au marché voisin, décrit le calvaire quotidien : « Pour traverser à pied, nous devons longer la bordure en nous accrochant au garde-fou. Mais regardez ces barres rouillées ! Elles peuvent céder à tout moment. Nous prions Dieu à chaque passage. »
Au-delà de la reconstruction urgente du pont Ngunza à Kinshasa, les habitants pointent un problème plus profond : l’état déplorable de la rivière Kalamu. Transformée en décharge à ciel ouvert, son curage s’impose tout autant que la réhabilitation de l’infrastructure.
« L’État doit assumer ses responsabilités », insiste un leader communautaire. « Mais la population aussi doit cesser de jeter ses déchets dans la rivière. Cette situation nous concerne tous. »
L’effondrement du pont Kalamu représenterait une catastrophe humaine et économique majeure. L’avenue Elengesa, artère commerciale importante, verrait sa circulation coupée, isolant des quartiers entiers et paralysant les activités économiques.
Les appels se multiplient vers le ministère provincial des Infrastructures pour une solution durable : un nouveau pont surélevé qui résisterait aux caprices de la rivière et aux intempéries. La question qui se pose aujourd’hui est : attendra-t-on une tragédie pour agir ?
La crise du pont Ngunza symbolise le défi plus large des infrastructures Kinshasa. Entre négligence, urbanisation sauvage et manque d’entretien, la capitale congolaise voit ses ouvrages d’art se dégrader dangereusement. Combien d’autres ponts dans la ville présentent des risques similaires ?
Alors que la saison des pluies s’intensifie, la course contre la montre est engagée. Les riverains espèrent que leur SOS sera entendu avant qu’un drame ne vienne rappeler cruellement l’importance de maintenir en état les infrastructures vitales de la ville.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net