Les tensions diplomatiques entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda atteignent un nouveau sommet à la tribune des Nations Unies, où les deux pays continuent de s’accuser mutuellement d’être responsables du blocage dans la mise en œuvre de l’accord de Washington. Signé sous les auspices américains, cet accord devait marquer un tournant décisif dans la résolution de la crise persistante dans l’est de la RDC.
Lors de la 80e Assemblée générale de l’ONU, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de « militarisation renouvelée » par la RDC et sa collaboration continue avec les FDLR. « La situation sur le terrain demeure préoccupante », a-t-il affirmé, pointant du doigt le déploiement de drones d’attaque et d’avions de combat contre les populations civiles, particulièrement les Banyamulenge et autres Tutsis congolais.
Ces accusations interviennent alors que la deuxième réunion du mécanisme conjoint de coordination sécuritaire pour l’accord de Washington s’est tenue les 17 et 18 septembre 2025 à Washington DC. Les parties prenantes, incluant les États-Unis, le Qatar et le Togo comme facilitateur de l’Union africaine, ont tenté d’établir une vision commune de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.
Selon le communiqué du département d’État américain, les participants ont développé une approche par étapes pour mettre en œuvre le Concept d’opérations visant la neutralisation des FDLR et le désengagement des forces rwandaises. Les parties se sont engagées à commencer la mise en œuvre de l’Ordre opérationnel le 1er octobre 2025, un calendrier ambitieux dans un contexte de méfiance persistante.
Comment expliquer cet écart entre les déclarations officielles et la réalité sur le terrain ? La réponse réside peut-être dans l’enchevêtrement complexe des initiatives diplomatiques. L’accord de Washington et le processus de Doha représentent les deux volets complémentaires des efforts internationaux pour résoudre ce conflit qui dure depuis des décennies.
Le Rwanda justifie son intervention par la nécessité de protéger les populations tutsies contre les FDLR, groupe armé accusé de participer au génocide rwandais de 1994. De son côté, la RDC dénonce régulièrement le soutien rwandais au M23, créant un cercle vicieux d’accusations réciproques qui entrave toute avancée significative.
La communauté internationale observe avec inquiétude cette escalade verbale. Les États-Unis, facilitateurs principaux de l’accord de Washington, tentent de maintenir un équilibre délicat entre les deux nations tout en préservant les intérêts stratégiques dans la région. Le succès de cette médiation dépendra de la capacité des parties à transcender leurs griefs historiques.
Les enjeux dépassent largement le cadre bilatéral. La stabilisation de l’est de la RDC est cruciale pour la sécurité régionale et la lutte contre les groupes armés qui prospèrent dans ce climat d’instabilité. La présence de mercenaires, dénoncée par le Rwanda, ajoute une dimension internationale préoccupante à ce conflit déjà complexe.
Alors que la date du 1er octobre 2025 approche, la question centrale demeure : les deux pays honoreront-ils leurs engagements ou assisterons-nous à une nouvelle désillusion dans le processus de paix ? La réponse déterminera non seulement l’avenir des populations de l’est congolais, mais aussi l’équilibre géopolitique de toute la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd