Du 23 au 25 septembre 2025, Kinshasa devient l’épicentre d’une évaluation cruciale pour l’avenir alimentaire de l’Afrique centrale. Les plateformes de la société civile du Cameroun, du Tchad et de la République démocratique du Congo se réunissent pour dresser un bilan intermédiaire de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, cette initiative mondiale lancée en 2019 qui s’achèvera en 2028.
Organisé sous l’égide de l’Institut africain pour le développement économique et social (INADES-Formation), cet atelier régional sur l’agriculture familiale en RDC représente un moment charnière. Il permet d’analyser les progrès réalisés dans chaque pays en matière de soutien à ce secteur vital, tout en identifiant les stratégies à adopter pour les trois années restantes de la décennie onusienne.
Norbert Kimvula, directeur national d’INADES-Formation en RDC, souligne avec force le paradoxe qui entoure l’agriculture familiale : « Pilier essentiel de la sécurité alimentaire en Afrique centrale, elle reste pourtant le parent pauvre des politiques publiques. Ces petits paysans qui nourrissent réellement nos populations continuent d’être marginalisés au profit de l’agro-business ».
L’atelier de Kinshasa sur la décennie Nations Unies agriculture révèle des disparités significatives dans la mise en œuvre des plans d’action nationaux. Chaque pays engagé dans cette initiative avait pour obligation d’élaborer une feuille de route spécifique. Aujourd’hui, l’enjeu est de mesurer l’écart entre les engagements pris et les réalisations concrètes sur le terrain.
La question de l’accès à la terre émerge comme un défi majeur lors des discussions. Les petits exploitants agricoles font face à une pression croissante avec l’expansion de l’agro-industrie, menaçant directement leur survie économique. Comment assurer la sécurité alimentaire Afrique centrale si les producteurs locaux sont progressivement exclus de leurs terres ?
Les investissements publics dans l’agriculture familiale restent insuffisants, représentant à peine 5% des budgets nationaux selon les estimations partagées durant l’atelier. Pourtant, ce secteur génère plus de 70% de la production alimentaire dans la région. Un déséquilibre économique qui interpelle sur la priorité réelle accordée à la souveraineté alimentaire.
Les participants à cet atelier Kinshasa agriculture familiale travaillent à l’élaboration de recommandations concrètes pour les gouvernements et partenaires internationaux. Le renforcement des organisations paysannes et la promotion de politiques inclusives figurent parmi les axes prioritaires identifiés pour les années 2025-2028.
L’agriculture familiale pourrait-elle devenir le véritable moteur du développement durable dans la région ? Les travaux de Kinshasa tentent d’apporter une réponse à cette question cruciale, en proposant des mécanismes de valorisation de ce modèle agricole qui combine résilience écologique et justice sociale.
Les conclusions de cet atelier régional devraient orienter les décisions politiques des trois pays concernés, avec l’ambition de transformer l’essai de cette décennie internationale. Un enjeu d’autant plus vital que les défis climatiques et démographiques rendent la sécurité alimentaire plus précaire que jamais en Afrique centrale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net