Les océans étouffent, la biodiversité marine s’effondre à un rythme alarmant. Dans ce contexte d’urgence écologique mondiale, un partenariat stratégique se dessine entre Kinshasa et Bruxelles pour la protection des eaux internationales. Le soutien de la République Démocratique du Congo à la candidature belge pour accueillir le secrétariat du traité BBNJ représente bien plus qu’une simple alliance diplomatique : c’est un engagement crucial pour l’avenir de nos écosystèmes marins.
Comment protéger efficacement ces étendues bleues qui couvrent près des deux tiers de notre planète ? La réponse se construit actuellement à New York, où les deux nations ont scellé leur collaboration lors d’un événement parallèle organisé par la mission diplomatique belge aux Nations Unies. La ministre congolaise de l’Environnement, Marie Nyange Ndambo, a affirmé avec conviction que ce soutien s’inscrit naturellement dans la relation historique entre les deux pays.
« La RDC regorge de plus de 50% des ressources en eau d’Afrique. Cette richesse naturelle exceptionnelle fait de nous un acteur incontournable dans les discussions sur la protection des océans », a déclaré la ministre Ndambo. Son homologue belge, Annelies Verlinden, a souligné l’importance stratégique de ce partenariat : « Protéger les océans ne s’arrête pas aux frontières. La collaboration avec la RDC est essentielle compte tenu de ses vastes ressources en eau douce. »
Le traité BBNJ représente une avancée majeure dans la gouvernance environnementale internationale. Son objectif ? Établir un cadre juridique contraignant pour la protection de la haute mer, cette zone gigantesque qui échappe à toute juridiction nationale et qui représente plus de 64% des océans. L’ambition est claire : consacrer 30% de la haute mer en zones marines protégées d’ici 2030.
Mais pourquoi la Belgique constitue-t-elle un choix pertinent pour accueillir le secrétariat de ce traité historique ? La réponse réside dans son expertise environnementale et sa position géostratégique au cœur de l’Europe. Bruxelles, déjà siège de nombreuses institutions internationales, dispose des infrastructures et de l’expertise nécessaires pour coordoner cet effort mondial. Face à elle, seule la ville chilienne de Valparaíso se profile comme concurrente.
La coopération RDC-Belgique dépasse le simple cadre diplomatique. Elle s’ancre dans une vision partagée de la gestion durable des ressources naturelles. Les deux ministres ont insisté sur la nécessité d’une approche collaborative pour relever les défis environnementaux contemporains. « Ensemble, nous pouvons construire une bonne stratégie pour nos pays respectifs », a affirmé Marie Nyange Ndambo, soulignant la synergie entre les compétences belges en matière de gouvernance environnementale et l’expertise congolaise dans la gestion des ressources hydriques.
Le secrétariat des Nations Unies pour l’environnement jouera un rôle pivot dans la mise en œuvre concrète du traité BBNJ. Son implantation en Belgique pourrait accélérer la coordination internationale pour la protection de la biodiversité marine. Les enjeux sont colossaux : pollution plastique, acidification des océans, surpêche, exploitation minière des fonds marins – autant de menaces qui nécessitent une réponse coordonnée à l’échelle mondiale.
La première conférence des parties (COP) sur la haute mer, prévue en 2026, décidera de l’attribution finale du secrétariat. D’ici là, la RDC entend poursuivre son plaidoyer actif en faveur de la candidature belge. Cette position congolaise s’inscrit dans une stratégie plus large de leadership environnemental sur le continent africain. En s’impliquant activement dans la gouvernance des océans, Kinshasa démontre sa volonté de jouer un rôle majeur dans la protection du patrimoine naturel mondial.
La protection de la haute mer représente l’un des derniers fronts de la conservation marine. Alors que les écosystèmes océaniques montrent des signes croissants de fatigue, l’adoption et la mise en œuvre effective du traité BBNJ pourraient constituer une bouée de sauvetage pour des millions d’espèces marines. La collaboration entre la RDC et la Belgique incarne cet espoir : celui d’une gouvernance environnementale plus inclusive et plus efficace, capable de relever les défis du siècle à venir.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net