La nuit du 21 au 22 septembre 2025 restera gravée dans la mémoire des habitants du Camp Kabila à Lemba. Alors que Kinshasa dormait paisiblement, les flammes ont brutalement embrasé ce quartier précaire, réduisant en cendres plus de 150 habitations et laissant des centaines de familles sans abri.
« Tout a brûlé en moins de deux heures », témoigne Mama Sophie, mère de quatre enfants, les yeux encore rougis par les larmes et la fumée. « Nous avons juste eu le temps de fuir avec nos vêtements sur le dos. Mes enfants ont perdu leurs uniformes scolaires, leurs cahiers… Comment vais-je faire pour la rentrée ? »
Cette catastrophe survenue dans la commune de Lemba intervient à un moment particulièrement difficile pour les familles congolaises : le mois de septembre, synonyme de rentrée scolaire et de dépenses importantes. Les sinistrés du Camp Kabila se retrouvent ainsi doublement frappés – sans logement et sans moyens pour assurer l’éducation de leurs enfants.
La visite rapide de Jacquemain Shabani, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, a apporté un semblant d’espoir aux victimes. Sur place, le ministre a annoncé le déclenchement de mesures d’urgence tout en promettant une enquête pour déterminer les causes exactes de cet incendie dévastateur. Mais dans l’immédiat, comment ces familles vont-elles survivre ?
« Nous prendrons des dispositions urgentes pour cette nuit, pour demain et pour la semaine à venir », a assuré Jacquemain Shabani aux sinistrés. Des promesses qui sonnent comme un baume au cœur des habitants, mais qui soulèvent aussi des questions sur la capacité réelle de l’État à gérer ce type de catastrophe.
Derrière les paroles rassurantes du gouvernement se cache une réalité plus complexe. L’incendie du Camp Kabila met en lumière les conditions de vie précaires dans lesquelles survivent de nombreux Kinois. Ces quartiers spontanés, construits souvent sans normes de sécurité, deviennent des poudrières lors de la saison sèche. Quand donc la RDC prendra-t-elle véritablement à bras-le-corps la question de l’habitat précaire ?
Les services d’urgence et de catastrophes ont été mobilisés pour apporter une aide immédiate : nourriture, vêtements, matériel de première nécessité. Mais cette aide d’urgence suffira-t-elle à apaiser la détresse des familles qui ont tout perdu ? La question du relogement définitif reste entière, et les sinistrés attendent des actes concrets.
Cette tragédie soulève également la problématique plus large de la gestion des risques en milieu urbain à Kinshasa. La capitale congolaise, qui compte de nombreux quartiers précaires, est régulièrement frappée par des incendies aux conséquences dramatiques. L’incendie de Camp Kabila n’est malheureusement pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une série de catastrophes qui pourraient être évitées avec une meilleure planification urbaine.
Alors que les autorités promettent des solutions durables, les habitants du Camp Kabila tentent de reconstruire leur vie dans la précarité la plus totale. Leurs regards se tournent vers l’État, mais aussi vers la solidarité communautaire qui, dans ces moments difficiles, devient souvent le dernier rempart contre le désespoir.
La catastrophe de Lemba nous interpelle tous sur l’urgence de repenser l’urbanisation à Kinshasa. Au-delà de l’aide immédiate aux sinistrés, ne devrions-nous pas imaginer des politiques publiques plus ambitieuses pour prévenir ce type de drames ? L’incendie du Camp Kabila doit servir de électrochoc pour une prise de conscience collective sur les conditions de vie dans nos villes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net