Dans l’univers impitoyable des arts martiaux, un nom résonne avec une force particulière : Christophe Mputu. Ce guerrier moderne, né sur les terres congolaises, a sculpté son destin à coups de sacrifices et de détermination. Champion du monde de Ju-Jitsu, il incarne cette paradoxale réalité des sportifs congolais méconnus : célébré à l’étranger, presque ignoré dans son propre pays.
Comment un athlète de ce calibre peut-il rester dans l’ombre en République Démocratique du Congo ? La question brûle les lèvres de tous ceux qui découvrent son parcours exceptionnel. Christophe Mputu, ce géant discret du Ju-Jitsu RDC, commence son aventure martiale par le karaté avant de découvrir la discipline qui deviendra sa raison de vivre. « J’ai trouvé que c’était un sport complet », confie-t-il, évoquant cette synthèse parfaite entre karaté, judo, aïkido et Ju-Jitsu brésilien.
Son exil en Belgique en 2002 marque un tournant décisif. C’est là que sa carrière explosive décolle véritablement en 2006, lorsqu’il participe à ses premières compétitions officielles. Le monde découvre alors un phénomène : un combattant congolais au talent brut, capable de rivaliser avec les meilleurs. Ses mains se transforment en armes, son corps en bouclier, et son esprit en forteresse imprenable.
Le palmarès de Christophe Mputu donne le vertige : médaille d’or de champion du monde, titre de champion d’Afrique, 19 couronnes de champion de Belgique. Des performances qui ont propulsé la RDC à la troisième place mondiale dans cette discipline. Pourtant, derrière ces chiffres impressionnants se cache un combat bien plus âpre : celui de la reconnaissance nationale.
Le destin de ce champion du monde Ju-Jitsu prend des allures de tragédie grecque. La Belgique, terre d’accueil, lui propose un choix cornélien : représenter les couleurs belges avec un soutien total ou rester fidèle au Congo en assumant seul tous les frais. Sans hésitation, Christophe Mputu choisit la deuxième option, préférant la fierté nationale au confort matériel.
« Je suis resté bloqué pendant environ sept ans », révèle-t-il, évoquant ces promesses non tenues des autorités congolaises. Cette indifférence contraste cruellement avec le traitement réservé aux athlètes d’autres nations africaines. « Les Angolais dînent avec leur président avant les compétitions », constate amèrement le sportif, lui qui n’a jamais bénéficié d’aucun soutien institutionnel malgré son statut de sportif le plus titré de l’histoire congolaise dans sa discipline.
La situation des athlètes congolais méconnus comme Mputu interpelle. Comment expliquer que la RDC ne valorise pas ses champions ? Le problème dépasse la simple anecdote et touche à la structure même du sport national. Pendant que d’autres pays africains bâtissent des écosystèmes sportifs performants, le Congo laisse filer ses pépites.
Christophe Mputu ne se contente pas de déplorer cette situation. Il nourrit des projets concrets pour développer le Ju-Jitsu en RDC. Professeur à l’ULB en Belgique, où il forme même policiers et militaires, il rêve de transmettre son savoir au pays. « J’ai déjà soumis des projets au gouvernement », affirme-t-il, espérant voir naître une véritable filière d’excellence.
Son message aux sponsors potentiels et aux institutions congolaises est clair : « Nous avons réellement besoin de soutien. » Les défis logistiques sont immenses – billets d’avion, hôtels, frais d’inscription – et pèsent lourd sur les épaules de ce combattant solitaire. « Je pars souvent seul, sans coach, sans médecin », confie celui qui doit parfois combattre après un long voyage épuisant.
Le combat de Christophe Mputu dépasse le simple cadre sportif. Il symbolise la résilience de tous ces talents congolais qui brillent dans l’ombre. Son histoire pose une question fondamentale : la RDC est-elle prête à reconnaître et valoriser ses enfants les plus méritants ? La balle est désormais dans le camp des décideurs. Le Ju-Jitsu RDC attend son héros, mais le héros attend que son pays lui tende la main.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Eventsrdc