La capitale congolaise étouffe sous le poids de ses déchets. Chaque année, Kinshasa produit près de quatre millions de tonnes de déchets, mais seulement 10% sont collectés efficacement. Une situation critique qui transforme la mégapole en une bombe sanitaire à retardement, où les montagnes d’ordures menacent directement la santé des près de 20 millions d’habitants.
Face à cette urgence écologique, plus de 40 acteurs étatiques et non étatiques se sont réunis ce lundi 22 septembre dans le cadre d’un atelier historique. Leur mission : élaborer une feuille de route pour l’économie circulaire à Kinshasa. Cette initiative ambitieuse vise à transformer la gestion des déchets en un modèle économique inclusif et viable, capable de répondre durablement au défi de l’assainissement dans la capitale.
Junior Tshiteya, l’un des intervenants clés, a souligné l’importance de cette démarche : « Notre objectif est de faciliter la mise en place d’une économie de l’assainissement fondée sur une organisation de proximité. » Une approche qui place les communautés locales au cœur de la solution, reconnaissant que la bataille contre les déchets se gagnera dans les quartiers, les marchés et les rues de Kinshasa.
Le projet Pak Citoyen montre déjà la voie concrète. Sa coordonnatrice, Joëlle Iyeni, révèle que l’élaboration d’un plan d’urbanisme et d’assainissement est déjà en cours dans douze communes pilotes, dont Gombe, Barumbu, Lingwala, Kisenso et Kalamu. Ces zones tests serviront de laboratoire pour une gestion des déchets innovante, combinant modernisation des infrastructures et implication citoyenne.
La représentante du gouverneur de Kinshasa, Melia Bosiki, a assuré l’engagement de l’Hôtel de Ville à pérenniser cette gestion des déchets à l’échelle de la capitale. Un signal fort qui démontre la prise de conscience des autorités face à l’ampleur de la crise. Comment ignorer plus longtemps l’asphyxie progressive de la ville par ses propres déchets ?
Le ministre provincial de l’Environnement, Léon Mulumba, insiste sur la nécessité d’une solution inclusive : « Seule une approche concertée impliquant tous les partenaires peut répondre durablement au problème d’assainissement. » Un appel à l’union sacrée contre un fléau qui dépasse les clivages politiques et sectoriels.
Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet « Assainir Kinshasa », une collaboration prometteuse entre l’Hôtel de Ville, l’Ambassade des Pays-Bas et le UN Global Compact. Un partenariat international qui pourrait bien marquer un tournant décisif dans la bataille pour la salubrité urbaine.
La feuille de route élaborée lors de ces travaux représente une lueur d’espoir dans un paysage urbain souvent décrit comme désespéré. Elle propose rien de moins qu’une révolution dans la gestion des déchets à Kinshasa, transformant ce qui est aujourd’hui une menace en opportunité économique. L’économie circulaire pourrait en effet générer des milliers d’emplois verts tout en assainissant l’environnement.
Mais le chemin reste semé d’embûches. Les défis infrastructurels, le manque de moyens et les habitudes ancrées constituent autant d’obstacles à surmonter. La réussite de cette initiative dépendra de la capacité des différents acteurs à maintenir la dynamique engagée et à traduire les bonnes intentions en actions concrètes.
Kinshasa se trouve à la croisée des chemins. Soit la capitale congolaise continue de s’enfoncer dans la crise des déchets, avec toutes les conséquences sanitaires et environnementales que cela implique. Soit elle saisit l’opportunité offerte par cet atelier pour engager sa métamorphose écologique. Le choix est clair : transformer les déchets en richesse ou succomber sous leur poids. L’avenir de la mégapole se joue aujourd’hui dans cette bataille pour l’assainissement et l’économie circulaire.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net