Le bitume n’est plus qu’un lointain souvenir sur cet axe qui relie les communes de Nzanza et Mvuzi. Chaque jour, des centaines de véhicules et de piétons se frayent un chemin entre les crevasses et les flaques d’eau stagnante. « C’est comme traverser un champ de bataille », témoigne Jean-Paul, chauffeur de taxi-moto depuis quinze ans.
La situation atteint un point critique à l’approche de la saison des pluies. Les riverains observent, impuissants, la dégradation accélérée de leur environnement quotidien. Comment en est-on arrivé là ? La réponse semble se trouver dans les caniveaux transformés en dépotoirs.
« Chaque mois, c’est le même scénario », déplore Mama Sophie, commerçante au marché Abako. « La REGIDESO procède au lavage de ses tuyaux et les eaux sales débordent directement sur la chaussée. Personne ne nettoie derrière. »
Ce constat amer est partagé par la majorité des habitants du quartier. Les opérations de maintenance de la régie d’eau, combinées aux déchets ménagers, obstruent progressivement le système d’évacuation. Résultat : les eaux de ruissellement s’infiltrent dans la structure de la route, creusant des failles de plus en plus profondes.
La dégradation de la route Matadi impacte directement la vie économique et sociale du quartier. Le marché Abako, l’église des Témoins de Jéhovah et deux établissements scolaires se trouvent sur ce trajet. « Mes élèves arrivent souvent en retard et couverts de boue », constate un directeur d’école qui préfère garder l’anonymat.
Les automobilistes développent des stratégies de contournement périlleuses. « Je dois parfois faire un détour de plusieurs kilomètres pour éviter les pires portions », explique un chauffeur de bus scolaire. « Mais le carburant coûte cher et ce temps perdu se répercute sur nos tarifs. »
Face à cette urgence, les regards se tournent vers la mairie de Matadi. Les habitants réclament une intervention rapide avant que la situation ne devienne irréversible. « Si les travaux de réhabilitation ne commencent pas maintenant, que se passera-t-il quand les premières grosses pluies arriveront ? » s’interroge un notable du quartier.
La saison des pluies représente en effet la plus grande menace. Sans caniveaux fonctionnels, les eaux pluviales risquent de transformer cet axe en véritable rivière, emportant sur leur passage ce qui reste de la chaussée. Les dégâts pourraient alors s’étendre aux habitations riveraines.
Certains riverains ont tenté des initiatives locales. « Nous avons organisé un curage manuel des caniveaux le mois dernier », raconte un jeune leader communautaire. « Mais sans matériel adapté et sans suivi, nos efforts ont été réduits à néant en quelques semaines. »
La question qui se pose aujourd’hui dépasse le simple problème de mobilité. Il s’agit de la capacité des autorités à garantir des conditions de vie décentes dans les centres urbains. La route Stade-Belvédère devient le symbole d’un enjeu plus large : la maintenance des infrastructures publiques dans une ville en croissance.
Les appels se multiplient pour une action concertée entre la mairie, la REGIDESO et les services techniques provinciaux. La solution nécessite à la fois un curage urgent des caniveaux obstrués et des travaux de réhabilitation en profondeur de la chaussée.
En attendant, la vie continue, au rythme des cahots et des embouteillages. Chaque jour qui passe aggrave un peu plus la situation, rappelant cruellement l’urgence d’intervenir avant que cette artère vitale ne soit définitivement coupée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net