Soixante femmes victimes de fistule obstétricale viennent de retrouver l’espoir grâce à une campagne chirurgicale gratuite organisée à l’hôpital général de référence de Kirungu, dans le territoire de Moba. Cette initiative humanitaire portée par la Fondation Artemedis représente une lueur d’espoir dans une région où l’accès aux soins spécialisés reste limité.
Mais qu’est-ce que la fistule obstétricale exactement ? Il s’agit d’une complication grave survenant lors d’un accouchement prolongé, créant une ouverture anormale entre le vagin et la vessie ou le rectum. Cette pathologie, souvent qualifiée de « handicap invisible », entraîne une incontinence urinaire ou fécale permanente, source de stigmatisation sociale et d’isolement pour les femmes qui en souffrent.
Le Dr Nessy Basimike, médecin responsable de la fondation Artemedis RDC, souligne l’importance de ces interventions : « Chaque opération de fistule congolaise réussie signifie une femme réintégrée dans sa communauté, retrouvant sa dignité et son autonomie. Ces patientes, venues de diverses localités du Tanganyika, avaient pour beaucoup abandonné tout espoir de guérison. »
L’organisation de cette opération fistule gratuite n’a cependant pas été sans défis. Le médecin déplore l’insuffisance criante du matériel médical dans cet établissement de santé. « La salle d’opération de l’hôpital Kirungu n’est pas suffisamment équipée, l’appareil de réanimation est hors service depuis plusieurs mois, et notre personnel aurait besoin de formations complémentaires », explique-t-il. Malgré ces limitations, l’équipe médicale a su adapter ses protocoles pour garantir la sécurité des interventions.
Comment une telle pathologie peut-elle encore exister au 21ème siècle ? La fistule obstétricale est pourtant évitable dans la majorité des cas. Elle résulte souvent du manque d’accès aux soins obstétricaux d’urgence, des mariages précoces, ou de la malnutrition affectant le développement pelvien des jeunes femmes. La province du Tanganyika, comme beaucoup de régions rurales de RDC, présente des indicateurs de santé maternelle préoccupants, avec un taux de mortalité en couches parmi les plus élevés du pays.
Actuellement, les soixante patientes opérées bénéficient de soins post-opératoires rigoureux à l’hôpital Kirungu. Cette phase cruciale déterminera le succès définitif des interventions. « Le suivi post-opératoire est essentiel pour prévenir les complications et assurer une récupération complète », précise le Dr Basimike. Les femmes resteront hospitalisées jusqu’à leur convalescence totale, recevant également un accompagnement psychosocial pour faciliter leur réinsertion.
Cette campagne de santé maternelle Tanganyika menée par Artemedis souligne l’urgence d’investir durablement dans le système de santé local. Si les interventions ponctuelles apportent un soulagement immédiat, la pérennisation des actions nécessite un renforcement structurel des capacités hospitalières. L’hôpital Kirungu, comme beaucoup d’établissements de référence en zones rurales, mériterait un appui institutionnel pour moderniser son équipement et former son personnel.
La fistule congolaise reste un problème de santé publique méconnu qui affecte des milliers de femmes chaque année. Pourtant, avec des interventions chirurgicales appropriées, jusqu’à 90% des cas peuvent être guéris définitivement. Le travail de fondations comme Artemedis démontre qu’il est possible d’apporter des solutions concrètes, même dans des contextes sanitaires précaires.
Quelles perspectives pour la santé maternelle dans cette région ? La réussite de cette opération fistule gratuite à l’hôpital Kirungu ouvre la voie à des collaborations plus étendues entre acteurs humanitaires et autorités sanitaires provinciales. Elle prouve surtout que malgré les défis logistiques, l’expertise médicale locale, lorsqu’elle est soutenue, peut accomplir des miracles pour les populations les plus vulnérables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net