La situation sécuritaire demeure extrêmement tendue ce mardi 23 septembre dans la zone frontalière entre les territoires de Masisi et Walikale, au Nord-Kivu. Malgré un calme précaire observé autour de Mpeti dans le territoire de Walikale, les populations ont été réveillées par des échanges de tirs nourris dès les premières lueurs de l’aube.
Dans la partie ouest du territoire de Masisi, plusieurs localités ont été le théâtre d’affrontements violents. Les environs de Nyabiondo, dans le secteur Osso Banyungu, et la zone de Lukweti, dans le groupement Bashali Mokoto, ont particulièrement subi les assauts des combats. Comment les forces de sécurité peuvent-elles rétablir l’ordre dans cette région en proie à la violence chronique ?
Le village de Ndete, situé à seulement 4 kilomètres de Kazinga dans la localité de Nyamaboko, a été secoué par des détonations d’armes lourdes et légères. Selon nos informations, les violents affrontements à Ndete opposent les Wazalendo du groupe Nyatura de Delta, dirigé par le chef milicien Kambuzi, aux rebelles de l’AFC-M23. Cette confrontation s’inscrit dans la continuité des récentes escalades de violence armée en RDC.
Parallèlement, d’autres combats d’une intensité comparable sont signalés dans le village de Nyabikeri, localité de Lukweti. Les témoignages recueillis sur place indiquent que les rebelles soutenus par le Rwanda affrontent les Wazalendo du mouvement Nyatura Abazungu. Ces derniers sont affiliés à l’Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains (ANCDH/AFDP) dirigée par Jean-Marie Bonané. Les collines de Bibwe et Nyabikeri constituent actuellement les épicentres de ces affrontements qui ravivent la crise sécuritaire au Congo.
L’impact de ces violences sur la vie quotidienne des populations est catastrophique. Dans l’ensemble du territoire de Masisi, les activités socio-économiques sont totalement paralysées. Les marchés restent désertés, les champs abandonnés, et les écoles sont fermées depuis ce mardi, privant ainsi des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation. Cette paralysie généralisée illustre l’ampleur de la crise humanitaire qui se profile dans la région.
La situation n’est guère plus enviable dans le groupement de Kisimba, voisin de Walikale, où règne un calme précaire qui n’incite pas à l’optimisme. Après plus de trois jours de combats intenses autour de Mpeti et le massacre de plus d’une vingtaine de civils dans le village de Chanjikiro, plusieurs localités se sont vidées de leurs habitants. Ces populations, fuyant les violences armées, rejoignent les milliers de déplacés internes qui errent dans la région du Nord-Kivu.
Les affrontements à Masisi et le conflit à Walikale témoignent de la complexité de la crise sécuritaire qui frappe l’est de la République Démocratique du Congo. L’implication présumée de forces étrangères aux côtés des rebelles M23 soulève des questions fondamentales sur la souveraineté nationale et la protection des civils. Jusqu’où cette escalade des violences va-t-elle mener la région ?
Les autorités provinciales et nationales restent silencieuses face à cette recrudescence des combats. Aucune opération militaire d’envergure n’a été signalée pour protéger les populations civiles prises au piège de ces affrontements entre groupes armés. L’urgence d’une réponse coordonnée se fait cruellement sentir alors que la situation humanitaire continue de se détériorer.
La communauté internationale observe-t-elle impuissante cette nouvelle flambée de violence dans une région déjà meurtrie par des décennies de conflits ? Les récentes affrontements entre rebelles M23 et milices locales risquent de compromettre les efforts de pacification entrepris dans le cadre des processus de paix régionaux. La stabilisation du Nord-Kivu passe impérativement par le désarmement de tous les groupes armés et le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net