Ce lundi 22 septembre 2025, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo a été le théâtre d’un séisme politique avec la démission de son président, Vital Kamerhe. Dans une lettre lue devant ses collègues parlementaires, l’élu de l’UNC a justifié son départ par le désir de mettre un terme aux querelles internes et de recentrer l’institution sur les défis essentiels du pays. Cette décision intervient dans un contexte de crise politique au Congo, où les luttes de pouvoir semblent avoir pris le pas sur l’intérêt général.
Vital Kamerhe a longuement déploré l’ambiance morose qui plane sur l’Assemblée nationale depuis l’ouverture de la session ordinaire de septembre 2025. “Cela fait maintenant quelques semaines que notre auguste chambre est propulsée au cœur de l’actualité politique de notre pays”, a-t-il affirmé, soulignant que l’attention s’était indûment focalisée sur sa personne. Le président démissionnaire a pointé du doigt les critiques acerbes et les attaques violentes dont il a été l’objet, tout en reconnaissant les soutiens reçus. Mais au-delà des considérations personnelles, c’est l’occultation des véritables enjeux nationaux qui a motivé son geste. Cette démission du président de l’Assemblée nationale soulève une question cruciale : les institutions congolaises sont-elles capables de dépasser les divisions pour servir le peuple ?
Le cœur du discours de Vital Kamerhe réside dans son appel à recentrer l’action parlementaire sur les priorités nationales. Il a énuméré des défis tels que l’unité et la cohésion nationale, la défense de la souveraineté, ou encore le progrès économique et social. “Voilà ce qui devrait capter toute notre énergie”, a-t-il insisté, dans une tentative de ramener le débat vers l’essentiel. Cette prise de position n’est-elle pas une critique implicite de la gestion opaque des fonds parlementaires, l’un des reproches formulés par les pétitionnaires ? Les actualités politiques à Kinshasa sont souvent marquées par de tels paradoxes, où les discours patriotiques masquent mal des réalités plus troubles.
Les raisons profondes de cette démission de Vital Kamerhe plongent leurs racines dans les tensions au sein de la majorité présidentielle. Les pétitionnaires lui reprochaient son manque d’alignement sur les priorités du pouvoir, notamment concernant la gestion financière de l’Assemblée. Malgré ses tentatives d’apaisement, Kamerhe n’a pas réussi à rallier suffisamment de soutiens, signe d’un isolement croissant. Certains observateurs y voient un règlement de comptes interne à l’Union sacrée, visant à consolider le contrôle de l’UDPS sur l’institution. Cette crise politique au Congo révèle ainsi les fractures d’une coalition fragile, où les équilibres sont constamment remis en question.
La démission de Vital Kamerhe ouvre désormais la voie à une élection rapide pour pourvoir les postes vacants, notamment la présidence et le rapporteur de l’Assemblée nationale. Cette période transitionnelle pourrait être l’occasion de restructurer le paysage politique, mais elle risque aussi d’accentuer les divisions. Le président joue gros avec cette succession, dont l’issue pourrait fragiliser durablement sa majorité parlementaire. Qu’adviendra-t-il des dossiers prioritaires, comme la situation sécuritaire dans l’est du pays, évoquée par Kamerhe dans sa lettre ? Les défis du chômage et de la pauvreté attendront-ils que les jeux de pouvoir s’apaisent ?
En définitive, la démission de Vital Kamerhe marque un tournant dans la vie politique congolaise. Elle acte l’échec d’une tentative de conciliation et expose les limites du dialogue institutionnel. Alors que l’Assemblée nationale RDC se prépare à élire de nouveaux dirigeants, la balle est dans le camp des parlementaires pour démontrer leur capacité à privilégier l’intérêt national sur les ambitions personnelles. L’avenir dira si cette crise saura servir de électrochoc pour une refondation démocratique, ou si elle ne sera qu’un épisode de plus dans une saga politique tumultueuse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd