Alors que l’épidémie d’Ebola a forcé la suspension des cours pendant plusieurs semaines, la reprise scolaire à Mweka, dans la province du Kasaï, soulève à la fois espoirs et inquiétudes. Comment garantir une rentrée sécurisée dans un contexte post-épidémique ? Les élèves ont repris le chemin de l’école ce lundi 22 septembre, mais le chemin vers la normalité reste semé d’embûches.
La confirmation de cette reprise a été annoncée par les autorités locales, satisfaites de la mise en place progressive des mesures préventives. Mike Alfred Kakunda, porte-parole du comité multisectoriel de riposte, a souligné que des dispositifs de lavage des mains sont désormais installés à l’entrée de la plupart des établissements. Cependant, il a pointé du doigt un problème persistant : celui des classes pléthoriques, qui compromet les efforts de distanciation sociale. Cette situation rappelle combien le système éducatif congolais doit surmonter des défis structurels, même en période de crise sanitaire.
La décision de rouvrir les écoles a été prise vendredi dernier lors d’une réunion à Bulape, où les acteurs éducatifs et sanitaires ont évalué la situation épidémiologique, jugée « relativement stable ». Parmi les mesures adoptées figurent non seulement l’hygiène des mains, mais aussi la scission des classes trop nombreuses, des briefings sanitaires réguliers pour les enseignants, et la création d’un centre de collecte de données pour surveiller l’évolution en milieu scolaire. Mais comment appliquer ces règles dans des salles de classe où les élèves sont entassés ? Cette question cruciale reste en suspens, malgré l’urgence.
Pour y remédier, une réunion avec l’UNICEF est prévue ce mardi 23 septembre. L’objectif est d’aborder la gestion des effectifs surchargés et de renforcer l’appui logistique. Keita Mory, expert de l’OMS basé à Bulape, a salué le retour progressif des élèves, tout en insistant sur la nécessité d’une vigilance constante. « Le risque de résurgence existe, et nous devons rester alertes », a-t-il affirmé, rappelant que la sécurité sanitaire est un pari quotidien.
Les défis sont multiples : outre la surpopulation, il faut composer avec la peur persistante des parents et le manque de ressources. Pourtant, cette reprise scolaire à Mweka symbolise une lueur d’espoir pour l’éducation en RDC. Les autorités provinciales, les chefs d’établissement et les partenaires internationaux sont appelés à unir leurs efforts pour transformer cette rentrée en succès durable. L’enjeu dépasse la simple reprise des cours ; il s’agit de reconstruire un système résilient face aux crises futures.
À moyen terme, la pérennité de ces mesures dépendra des ajustements basés sur les données recueillies. La collaboration entre acteurs locaux et internationaux sera cruciale pour éviter un nouveau confinement. Alors que les élèves reprennent timidement leurs habitudes, une question demeure : cette crise sanitaire servira-t-elle de catalyseur pour des réformes éducatives plus profondes en République Démocratique du Congo ? Seul l’avenir le dira, mais pour l’instant, chaque jour d’école compte.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd