À Mutongo, dans le groupement Ihana au Nord-Kivu, des centaines de familles errent depuis le 14 septembre, fuyant les affrontements entre rebelles de l’AFC/M23 et wazalendo. « Nous avons tout perdu en une nuit », témoigne une mère de famille, son bébé dans les bras. Comment survivre sans abri, sans nourriture, dans cette précarité extrême ? Cette scène déchirante n’est qu’un fragment de la crise des déplacés internes en RDC, où le nombre de personnes forcées de quitter leur foyer atteint des sommets alarmants.
Selon le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), publié en 2025, la République Démocratique du Congo a enregistré une augmentation vertigineuse de plus de 1,6 million de déplacés internes depuis le début de l’année. Ce chiffre porte le total à environ 5,28 millions de personnes déracinées, un record qui souligne l’ampleur de la crise humanitaire. Les femmes, représentant 51% de cette population, endurent des conditions particulièrement difficiles, souvent exposées à la violence et à l’exploitation.
Mais pourquoi une telle hausse ? Le rapport d’OCHA pointe du doigt les conflits armés dans l’est du Congo, responsables de 68% des déplacements. Les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri sont les épicentres de cette tragédie, concentrant 86% des nouveaux déplacés. Les affrontements entre groupes rebelles comme l’AFC/M23 et les forces gouvernementales ravagent des villages entiers, poussant les habitants à l’exode. Par exemple, dans le territoire de Masisi, les rebelles ont ordonné l’évacuation de zones comme Minjenje et Malemo, transformant ces localités en champs de bataille.
La situation sur le terrain est explosive. Alors que les déplacés se entassent dans des sites précaires comme Mutongo et Manyema, les retours sont rares et risqués – 99% des rapatriements ont lieu dans les mêmes provinces conflictuelles. Cette cyclicité des déplacements interroge : la communauté internationale fait-elle assez pour protéger les civils ? Les efforts humanitaires peinent à suivre, face à l’ intensification des violences. Les déplacés internes en RDC vivent dans une incertitude permanente, sans perspective de retour.
L’augmentation des PDI en RDC n’est pas seulement un chiffre ; c’est le reflet d’une crise structurelle. Les conflits armés à l’est du Congo, alimentés par des tensions ethniques et économiques, créent un cercle vicieux de pauvreté et d’insécurité. Les enfants privés d’école, les familles séparées, les terres agricoles abandonnées – autant de blessures profondes pour le tissu social. Le rapport OCHA 2025 sert de cri d’alarme : sans une paix durable, la crise humanitaire au Nord-Kivu et ailleurs risque de s’aggraver.
En conclusion, cette explosion des déplacés internes pose des enjeux sociétaux majeurs. Comment reconstruire une cohésion nationale quand des millions de Congolais sont condamnés à l’errance ? La réponse exige plus que de l’aide d’urgence ; elle nécessite une volonté politique ferme pour résoudre les conflits et investir dans le développement. En attendant, chaque nouveau déplacement rappelle l’urgence d’agir pour éviter que cette crise ne devienne une fatalité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd