Dans un contexte politique congolais marqué par des tensions persistantes, l’homélie prononcée dimanche 21 septembre par le cardinal Fridolin Ambongo à la cathédrale Notre Dame du Congo a résonné comme un coup de semonce. L’archevêque métropolitain de Kinshasa, figure respectée de l’Église catholique, n’a pas mâché ses mots pour exprimer sa désolation face à la situation socio-économique de la République Démocratique du Congo. Son message, ancré dans les enseignements bibliques, a servi de catalyseur à une critique acerbe des dirigeants politiques, accusés de négliger le peuple au profit de leurs avantages personnels.
Le cardinal Ambongo a pointé du doigt l’attitude des représentants du peuple, qu’il juge préoccupés par des questions triviales comme la date de leur rentrée institutionnelle, l’augmentation de leurs salaires ou l’acquisition de nouveaux véhicules. Cette focalisation sur les privilèges, selon lui, contraste amèrement avec le sort des citoyens abandonnés à leur triste destin. En citant le livre d’Amos, il a rappelé que « vous qui dévorez l’indigent et qui ruinez les malheureux du pays » sont condamnés par les textes sacrés, une métaphore puissante pour dénoncer l’exploitation des plus vulnérables. Cette critique des politiques congolais n’est pas anodine ; elle s’inscrit dans une tradition où l’Église joue un rôle de garde-fou moral dans un pays en proie à l’instabilité.
Au-delà des reproches adressés aux élus, l’homélie de Kinshasa a mis en lumière les conflits qui ravagent plusieurs provinces de la RDC. Le Nord et Sud-Kivu, l’Ituri, le Maï-Ndombe, le Kwilu et le Kwango sont évoqués comme des zones où la paix reste un mirage. Le cardinal a manifesté une inquiétude palpable face à ces décennies de violences récurrentes, insistant sur l’urgence pour la nation de retrouver une cohésion sociale basée sur la justice. Comment, en effet, envisager un développement durable lorsque des milices comme les Mobondo sèment la terreur, comme en ont témoigné les survivants présents lors de la messe ? Cette référence aux atrocités commises dans le plateau de Bateke sert de rappel cru à la nécessité d’une action immédiate.
L’appel à la solidarité nationale lancé par le cardinal Ambongo résonne comme une piqûre de rappel dans un pays souvent divisé par des intérêts partisans. Son message sous-tend que la paix en RDC ne peut être atteinte sans une justice équitable pour toutes les provinces touchées par les conflits. Les implications politiques de cette homélie sont profondes : en stigmatisant le détournement d’énergie des députés, le cardinal invite implicitement à une réforme des mentalités et des institutions. Les observateurs notent que cette intervention pourrait influencer l’agenda politique, surtout dans un contexte où la crédibilité des dirigeants est régulièrement remise en cause. La justice et la paix au Congo ne sont-elles pas les piliers d’une renaissance nationale que les élus semblent ignorer ?
En conclusion, l’homélie du cardinal Fridolin Ambongo dépasse le cadre religieux pour s’imposer comme un acte politique significatif. En axant son discours sur les conflits des provinces de la RDC et la critique des comportements égoïstes, il pose les jalons d’un débat nécessaire sur l’avenir du pays. Les prochains enjeux résideront dans la capacité des acteurs politiques à répondre à ces appels, sous peine de voir s’accentuer le fossé entre le peuple et ses représentants. La balle est désormais dans le camp des décideurs, qui devront choisir entre la poursuite de leurs avantages ou l’engagement en faveur d’une Congo plus juste et pacifié.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
