Dans une homélie prononcée ce dimanche 21 septembre en la cathédrale Notre Dame du Congo, le Cardinal Fridolin Ambongo a dressé un tableau sans concession de la situation politique en République Démocratique du Congo. Le prélat n’a pas mâché ses mots pour fustiger la classe politique, qu’il accuse de se complaire dans un confort institutionnel tandis que le peuple sombre dans la précarité.
« Ceux qui sont censés représenter notre peuple ne se préoccupent que de la date de leur rentrée institutionnelle pour augmenter leurs salaires, négocier de nouveaux véhicules et avantages », a déploré l’archevêque métropolitain de Kinshasa, dans une critique acerbe qui résonne comme un coup de semonce dans le paysage politique congolais. Cette sortie intervient dans un contexte où la situation politique RDC semble plus que jamais fragilisée par des priorités jugées déconnectées des réalités populaires.
Le Cardinal a puisé dans les Écritures saintes, citant le livre d’Amos au chapitre 8, verset 4 : « Vous qui dévorez l’indigent et qui ruinez les malheureux du pays ». Une référence biblique qui sert de miroir à une réalité congolaise où l’écart entre dirigeants et dirigés ne cesse de se creuser. Comment expliquer cette fracture grandissante entre des institutions perçues comme autoréférentielles et une population en quête de justice sociale ?
La messe solennelle clôturant la semaine justice et paix a servi de tribune pour un plaidoyer en faveur d’une refondation des priorités nationales. Cardinal Fridolin Ambongo a insisté sur l’impérieuse nécessité de restaurer une paix durable dans les provinces en proie aux conflits récurrents. Le Nord et Sud-Kivu, l’Ituri, le Maï-Ndombe, le Kwilu et le Kwango : autant de régions où la violence est devenue le quotidien de populations abandonnées à leur sort.
L’homélie Kinshasa a également été marquée par des témoignages poignants de survivants des atrocités commises par les miliciens Mobondo dans le plateau de Bateke. Ces récits viennent rappeler l’urgence d’une action concrète pour la paix provinces Congo, au-delà des simples déclarations d’intention. Le cardinal a exprimé sa solidarité avec ces victimes, tout en dénonçant le détournement des énergies politiques vers des agendas personnels.
La question qui se pose désormais est de savoir si cette interpellation trouvera un écho auprès des institutions concernées. Dans un pays où les crises se superposent, le message du cardinal Ambongo représente-t-il un électrochamp susceptible de réveiller les consciences ? Les prochains jours seront cruciaux pour observer si cette prise de parole influence les débats parlementaires et exécutifs.
L’appel à la solidarité nationale et au renoncement aux divisions lancé par le prélat constitue un défi de taille dans un paysage politique souvent marqué par les calculs partisans. La recherche de la paix provinces Congo passe nécessairement par une remise en question des pratiques actuelles de gouvernance. Le cardinal a rappelé que justice et paix sont les piliers indispensables à la cohésion sociale et au développement durable.
Cette intervention s’inscrit dans une tradition d’engagement de l’Église catholique congolaise, souvent perçue comme une voix crédible face aux défaillances de l’État. Reste à savoir si les acteurs politiques sauront tirer les enseignements de cette interpellation, ou s’ils persisteront dans une logique qui, selon les termes du cardinal, « anéantit complètement » le peuple congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net