Alors que près de 43% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique en République Démocratique du Congo, le gouvernement lance une offensive nutritionnelle sans précédent dans les écoles. Comment transformer la cantine scolaire en véritable levier de développement ? La réponse se trouve peut-être dans les 176 établissements déjà engagés dans ce combat vital.
Lors du récent sommet de la Coalition mondiale pour l’alimentation scolaire à Fortaleza, la ministre Raïssa Malu a dévoilé les contours d’une stratégie ambitieuse. Le programme d’alimentation scolaire en RDC ne se contente pas de distribuer des repas : il aspire à devenir un écosystème complet intégrant éducation, santé et agriculture locale.
« Face à ce défi, l’État a décidé d’agir concrètement », a affirmé la ministre d’État en charge de l’Éducation nationale. Sa déclaration révèle une prise de conscience urgente : nourrir les élèves, c’est aussi nourrir leur avenir et celui du pays.
La Stratégie nationale de l’alimentation scolaire 2025-2030 repose sur cinq piliers fondamentaux. Une approche multisectorielle combine éducation, santé, agriculture et protection sociale. Les zones rurales et vulnérables bénéficient d’une attention prioritaire, tandis que la flexibilité des interventions permet d’adapter les solutions aux réalités locales.
Mais l’innovation la plus prometteuse réside peut-être dans la promotion des jardins potagers et champs scolaires. Ces initiatives ne fournissent pas seulement des aliments frais ; elles deviennent des salles de classe à ciel ouvert pour l’éducation nutritionnelle et scientifique. Quel meilleur cours de biologie qu’un potager entretenu par les élèves eux-mêmes ?
Le programme nutrition scolaire bénéficie déjà à plus de 906 000 enfants grâce au partenariat avec le Programme alimentaire mondial. Le PAM RDC apporte son expertise cruciale, particulièrement dans les zones touchées par les crises humanitaires. Ces chiffres impressionnants cachent cependant un défi de taille : comment garantir la pérennité de ces actions ?
La réponse semble se trouver dans l’ancrage communautaire. En associant les parents, les agriculteurs locaux et les autorités traditionnelles, le programme crée un cercle vertueux où l’alimentation scolaire devient affaire de tous. Cette approche participative assure non seulement la durabilité du système mais renforce également le tissu social.
Les discussions bilatérales avec le Brésil, pays pionnier en la matière, ouvrent des perspectives intéressantes. Le modèle brésilien, financé par des ressources locales et centré sur l’enfant, pourrait inspirer l’évolution du programme congolais. Imaginez un système où les producteurs locaux fournissent les cantines scolaires, créant ainsi une économie circulaire bénéfique à toute la communauté.
Reste la question du financement. La diversification des sources apparaît comme une nécessité absolue pour atteindre les objectifs 2030. Partnerships public-privé, fonds internationaux et budgets nationaux devront converger pour transformer cette vision en réalité tangible.
Alors que la RDC se positionne comme acteur majeur du combat contre la malnutrition infantile, une question persiste : ces repas scolaires suffiront-ils à briser le cycle infernal de la pauvreté nutritionnelle ? Seul l’engagement constant des autorités et des partenaires pourra apporter une réponse positive.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net