Dans les rues de Beni, où l’ombre de la guerre s’étend comme une chape de plomb, des milliers de familles errent, cherchant désespérément un refuge. Leurs regards trahissent une fatigue profonde, celle de ceux qui ont tout perdu du jour au lendemain. « Nous avons fui avec seulement les vêtements que nous portions », confie une mère de famille, son bébé serré contre sa poitrine. « Les combats ont tout emporté : nos maisons, nos champs, notre dignité. »
Face à cette détresse humaine, une lueur d’espoir émerge pourtant. Des jeunes volontaires de l’Initiative Congo Debout arpentent les sites d’hébergement provisoire, carnets en main, écoutant patiemment chaque récit. Leur mission ? Évaluer les besoins urgents de ces populations déracinées par l’offensive du groupe rebelle M23 dans le Nord-Kivu.
Noëlla Nechi, coordonnatrice de l’organisation, explique leur approche méthodique : « Notre action ne se limitera pas à Beni, mais s’étendra au grand Nord. Nous voulons que notre réponse soit à la fois humanitaire et inclusive, en intégrant un aspect développemental. » Une vision holistique qui contraste avec l’urgence immédiate de la situation.
Mais comment répondre à l’ampleur des besoins ? La question plane sur chaque évaluation. Des abris précaires aux problèmes d’accès à l’eau potable, en passant par la malnutrition infantile et le traumatisme psychologique, la liste des défis semble infinie. Les déplacés de guerre du Nord-Kivu vivent un calvaire que peu imaginent dans sa complexité.
L’initiative de ces jeunes bénévoles représente bien plus qu’une simple distribution d’aide. Elle incarne une solidarité congolaise qui refuse de baisser les bras face à l’adversité. Dans une région meurtrie par des décennies de conflits, leur engagement rappelle que l’humanité persiste au cœur même de l’horreur.
Pourtant, une interrogation cruciale demeure : cette aide humanitaire à Beni pourra-t-elle suffire face à l’ampleur de la crise ? Alors que les affrontements continuent de jeter sur les routes de nouveaux déplacés, la réponse doit être à la hauteur des enjeux. La collaboration avec les communautés locales devient alors non pas une option, mais une nécessité absolue.
Le travail de terrain mené ce vendredi 19 septembre ne constitue que le premier pas d’un long chemin. La coordinatrice insiste sur cet aspect : « Nous espérons que partout où nous irons, la population collaborera avec nous pour construire une réponse tenant compte de toutes les réalités. » Un appel à l’unité face à l’une des crises humanitaires les plus complexes de l’Est de la RDC.
Alors que le soleil se couche sur Beni, transformée en chef-lieu provisoire depuis la chute de Goma, les volontaires de Congo Debout continuent leur recensement. Chaque nom noté, chaque besoin identifié représente une lueur d’espoir dans l’obscurité. Mais derrière cette action courageuse se cache une vérité troublante : jusqu’où devront aller ces jeunes pour compenser l’incapacité collective à mettre fin à cette violence cyclique ?
La solidarité des volontaires face à la crise M23 en RDC dessine ainsi un paradoxe poignant : une jeunesse qui se lève pour protéger sa communauté, alors que les armes continuent de parler. Un contraste qui interroge sur l’avenir même de cette région riche en ressources mais pauvre en paix.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
