Le cri d’alarme résonne dans les couloirs de l’ONU : avec seulement 14,9% de financement obtenu sur les 2,54 milliards de dollars nécessaires, le plan humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo vit ses heures les plus sombres. Comment expliquer cette indifférence internationale face à l’une des crises humanitaires les plus graves de la planète ?
Dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, des millions de déplacés internes survivent dans des conditions inimaginables. « Entre janvier et juillet 2025, 6,6 millions de personnes ont bénéficié d’une assistance humanitaire au moins une fois », révèle le dernier bulletin d’OCHA RDC. Des chiffres qui masquent une réalité bien plus cruelle : des familles entières survivant avec moins d’un repas par jour, des enfants privés d’école, des centres de santé sans médicaments.
L’insécurité persistante paralyse l’accès humanitaire dans des localités clés. Les humanitaires se heurtent quotidiennement à des routes impraticables, des check-points illégaux et des menaces directes. « Les infrastructures dégradées ralentissent la livraison de l’aide », confirme OCHA, tandis que « les frais informels et les contraintes administratives compliquent les transferts monétaires ».
Cette crise du financement humanitaire 2025 intervient dans un contexte mondial de restrictions budgétaires sans précédent. Le plan global de l’ONU est passé de 44 à 29 milliards de dollars, forçant une « hyper-priorisation » qui laisse des millions de Congolais sur le carreau. La RDC rejoint ainsi le Soudan, le Myanmar et Gaza dans le cercle restreint des crises les plus négligées.
Pourtant, les besoins n’ont jamais été aussi criants. Le plan de réponse humanitaire 2025 visait initialement à secourir 11 millions de personnes, dont 7,8 millions de déplacés internes – l’un des chiffres les plus élevés au monde. Derrière ces statistiques se cachent des visages, des histoires, des vies brisées par des conflits armés, des catastrophes naturelles et des épidémies qui se superposent dans une polycrise multidimensionnelle.
La spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika, couplée à la présence d’autorités de facto dans le Nord et Sud-Kivu, crée un terrain miné pour les interventions humanitaires. Comment répondre aux besoins prioritaires quand les fonds manquent et que l’accès se réduit comme peau de chagrin ?
Les secteurs de la protection, de la sécurité alimentaire et de l’abri (CCCM) affichent des taux de réponse dépassant à peine 55%. Des performances qui, bien qu’insuffisantes, témoignent du dévouement d’acteurs humanitaires fonctionnant avec des moyens dérisoires. Leur combat quotidien : sauver des vies dans l’indifférence générale.
La communauté internationale parviendra-t-elle à se mobiliser avant que cette crise humanitaire en RDC ne bascule dans l’irréversible ? Les millions de Congolais affectés attendent une réponse qui tarde à venir, pendant que le temps joue contre les plus vulnérables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd