Dans un mouvement stratégique qui ne surprend guère les observateurs avertis du paysage énergétique congolais, le président Félix Tshisekedi replace Teddy Lwamba Muba à la tête de la SNEL. Cette nomination, intervenue par ordonnance présidentielle ce samedi, relève-t-elle du simple parachutage technique ou d’une véritable volonté de transformation structurelle ?
Le parcours de l’ingénieur électromécanicien semble en faire le candidat idéal pour piloter la société nationale d’électricité. Docteur en génie électrique, ancien ministre des Ressources Hydrauliques et de l’Électricité, professeur d’université et précédemment directeur général adjoint de la SNEL depuis octobre 2022 – son profil cumule les expertises nécessaires pour affronter les défis titanesques du secteur.
Pourtant, la question demeure : une seule nomination, même éclairée, suffira-t-elle à inverser la courbe des dysfonctionnements chroniques qui minent la SNEL ? La société nationale d’électricité Congo traverse une crise multidimensionnelle où les déficits de production côtoient les réseaux de distribution obsolètes, sans parler des défis financiers qui entravent toute velléité de modernisation.
Le retour de Teddy Lwamba à la SNEL s’apparente à un retour aux sources pour ce spécialiste du secteur énergétique, dont les contributions scientifiques et l’implication dans des projets d’infrastructure électrique tant en RDC qu’à l’international sont reconnues. Son expérience ministérielle récente lui offre une vision panoramique des enjeux nationaux, tandis que sa connaissance intime des rouages de la SNEL devrait faciliter une prise de fonction rapide.
Reste que le nouveau directeur général hérite d’un dossier explosif. La production électrique nationale peine à répondre à une demande sans cesse croissante, tandis que les délestages intempestifs continuent de handicaper le développement économique et la vie quotidienne des Congolais. La nomination DG SNEL intervient dans un contexte où seulement 20% de la population a accès à l’électricité – un paradoxe criard pour un pays au potentiel hydroélectrique parmi les plus importants au monde.
Le président Tshisekedi place donc ses pions sur l’échiquier énergétique avec cette nomination stratégique. Teddy Lwamba Muba dispose-t-il des leviers nécessaires pour opérer la mue tant attendue de la SNEL ? La question des moyens financiers, de l’autonomie de gestion et du soutien politique constituera le véritable test de crédibilité de cette nomination.
Certains analystes voient dans cette décision un signal fort envoyé aux partenaires techniques et financiers,证明 que l’État congolais prend au sérieux la nécessaire réforme du secteur de l’énergie. D’autres y décèlent plutôt un jeu d’équilibre politique within the majority présidentielle, où la gestion des entreprises publiques reste soumise à des logiques qui dépassent souvent la simple compétence technique.
La société nationale électricité Congo se trouve à un carrefour déterminant pour l’avenir énergétique du pays. Le défi de Teddy Lwamba consistera à transformer une institution sclérosée en moteur du développement national, tout en naviguant dans les eaux troubles des réalpolitiks congolaises. Sa nomination représente-t-elle le début d’une nouvelle ère pour la SNEL ou simplement un changement de visage pour perpétuer les mêmes pratiques ? L’avenir nous le dira, mais une chose est certaine : les attentes sont immenses et la marge d’erreur, minuscule.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
