Dans les eaux troubles de la rivière Kwilu, une lueur d’espoir se profile enfin pour les milliers de navigateurs et riverains. Après plus de vingt ans d’abandon, le balisage de cet axe fluvial vital vient de démarrer, porté par la Régie des voies fluviales. Une opération cruciale pour sécuriser une navigation devenue périlleuse au fil des ans.
« Nos pirogues chaviraient constamment à cause des souches immergées invisibles », témoigne un pêcheur local, les mains encore tremblantes au souvenir de son dernier naufrage. Comme lui, des centaines d’usagers riskent quotidiennement leur vie sur ces eaux capricieuses. La rivière Kwilu, artère économique majeure reliant Bandundu à Kikwit, s’est transformée en piège mortel par l’absence de signalisation.
Le directeur régional de la RVF, Marc Mafuta, ne cache pas son impatience : « Comment accepter que des populations entières restent prisonnières de l’insécurité fluviale en plein XXIe siècle ? ». Ses équipes s’activent désormais à bord d’un bateau multifonction, déterminées à poser les balises qui guideront enfin les embarcations.
Sur les 500 kilomètres à sécuriser, chaque mètre compte. Le tracé sinueux de la Kwilu dissimule d’innombrables dangers : hauts-fonds traîtres, rochers affleurants, et ces fameuses souches d’arbres qui ont causé tant de naufrages. Sans balisage, la navigation relevait de la roulette russe fluviale.
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ? La question hante les communautés riveraines qui ont payé le prix fort de cette négligence. Produits agricoles perdus, vies brisées, isolement accru des villages… Le coût humain et économique est incalculable.
L’opération, prévue sur trente jours, représente bien plus qu’une simple installation de balises. C’est un pari sur l’avenir économique de toute la région du Grand Bandundu. « Après le balisage, le taux d’accident diminuera radicalement », assure Marc Mafuta. Les agriculteurs pourront enfin évacuer leurs récoltes vers les centres de consommation sans craindre de tout perdre en route.
La sécurisation de la navigation fluviale en RDC reste pourtant un défi immense. Ce projet sur la Kwilu pourrait servir de modèle pour d’autres voies navigables du pays, toutes confrontées aux mêmes problèmes de sécurité. La Régie des voies fluviales montre ainsi la voie d’une renavigation responsable.
Reste à savoir si trente jours suffiront à inverser vingt ans d’abandon. Les riverains, prudents mais optimistes, observent les premiers travaux avec un mélange d’espoir et de scepticisme. Leur vie quotidienne dépendra de l’efficacité de ce balisage tant attendu.
La navigation fluviale en RDC mérite-t-elle moins d’attention que les routes terrestres ? Cette opération sur la Kwilu prouve le contraire. Dans un pays où les cours d’eau constituent souvent les seules voies de communication, investir dans leur sécurisation c’est investir dans le développement réel des communautés les plus reculées.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
