Les bulldozers sont passés, laissant derrière eux un paysage de désolation. Sur l’avenue Bypass à Makala, des monticules de gravats ont remplacé les habitations et commerces qui s’y dressaient encore la veille. Des lits brisés, des meubles éventrés et des souvenirs familiaux réduits en poussière jonchent le sol dans un chaos indescriptible.
« J’ai tout perdu en quelques minutes », sanglote une mère de famille, serrant contre elle ses deux enfants. « Où vais-je dormir ce soir ? Où vais-je envoyer mes enfants à l’école demain ? » Ces questions déchirantes résonnent dans toute la commune de Makala, où des centaines de familles se retrouvent brutalement sans abri.
L’opération de démolition menée par le ministère provincial de l’environnement visait les constructions dites anarchiques érigées sur l’emprise de l’avenue Bypass. Pourtant, derrière ce terme technique se cache une réalité humaine brutale : des vies bouleversées, des commerces réduits à néant, et une communauté entière plongée dans la détresse.
L’école Armée du Salut voisine n’a pas été épargnée. Certaines salles de classe ont perdu des pans entiers de murs, contraignant à la délocalisation temporaire des élèves. Comment assurer une éducation dans de telles conditions ? Comment reconstruire lorsque tout semble s’écrouler ?
La situation révèle un profond malaise urbanistique à Kinshasa. D’un côté, les autorités défendent la nécessité de faire respecter les normes urbaines et de protéger le domaine public. De l’autre, des citoyens crient à l’injustice, affirmant que certains établissements appartenant à des expatriés auraient été mystérieusement épargnés.
« Les gens doivent avoir des limites sur les propriétés de l’État », reconnaît un habitant, tandis qu’un autre s’insurge : « Pourquoi certains sont-ils traités différemment ? Nous demandons simplement l’équité pour tous ».
Cette opération de démolition à Makala soulève des questions cruciales sur l’urbanisation à Kinshasa. Comment concilier nécessaire régulation urbaine et protection des plus vulnérables ? Quelles solutions alternatives peuvent être proposées aux familles qui, souvent par nécessité, empiètent sur le domaine public ?
Alors que les démolitions devraient se poursuivre dans les prochains jours, c’est toute une réflexion sur l’aménagement urbain et la justice sociale qui doit être engagée. Car derrière chaque mur démoli se cache une famille, une histoire, et un droit fondamental : celui de vivre dans la dignité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net