L’audience du procès de l’ancien président Joseph Kabila s’est poursuivie ce vendredi 12 septembre devant la Haute cour militaire de la République Démocratique du Congo, marquée par un développement inattendu dans la stratégie de l’accusation. Alors que la journée était initialement consacrée à l’audition des témoins à charge, les avocats de la République ont fait volte-face en annonçant le retrait de leur demande de comparution.
Maître Richard Bondo, représentant la partie civile, a justifié cette décision par des préoccupations sécuritaires concernant les témoins. « Il nous revenait la charge de faire comparaître les témoins mais il se posait un problème de leur sécurisation ou de leur sécurité », a déclaré l’avocat, ajoutant que « les témoignages sont légions » et que l’accusation estimait pouvoir établir sa preuve par d’autres moyens.
Dans un revirement significatif, la République a également annoncé son intention de réviser substantiellement à la hausse ses demandes de réparation. Les dommages-intérêts réclamés passent de 24 à 30 milliards de dollars américains, une somme colossale qui reflète la gravité des accusations portées contre l’ancien chef de l’État.
Joseph Kabila fait face à un catalogue d’accusations parmi les plus graves prévues par le droit congolais et international. Les charges retenues incluent la participation à un mouvement insurrectionnel, la trahison, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. Le ministère public a requis la peine capitale, une demande rare dans les procès de hauts responsables politiques en RDC.
La stratégie de la défense, quant à elle, reste à dévoiler alors que le procès entre dans une phase cruciale. Les observateurs juridiques s’interrogent sur les implications de ce retrait des témoins : s’agit-il d’un calcul tactique ou d’une contrainte imposée par des circonstances externes ?
La Haute cour militaire, institution judiciaire de premier plan en RDC, se trouve ainsi confrontée à un dossier complexe qui dépasse le cadre habituel des affaires traitées par cette juridiction. La suite des débats déterminera si les preuves présentées par l’accusation, en l’absence de témoignages directs, suffiront à établir la culpabilité de l’ancien président au-delà de tout doute raisonnable.
Ce procès historique soulève des questions fondamentales sur la justice transitionnelle et la reddition des comptes dans l’espace politique congolais. Comment la justice militaire appréhende-t-elle les chefs d’accusation de crimes internationaux ? Quelle portée symbolique et juridique revêt la demande de peine de mort contre un ancien président ?
La prochaine audience, dont la date n’a pas encore été communiquée, devrait voir le développement des arguments de l’accusation sans le concours des témoins initialement prévus. L’affaire Joseph Kabila devant la Haute cour militaire continue ainsi d’écrire une page judiciaire sans précédent dans l’histoire de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd