Ce vendredi 19 septembre, le centre d’obtention des permis de conduire de Kinshasa a vécu des scènes de chaos inimaginables. Dès 6 heures du matin, plus d’une centaine de personnes se pressaient déjà devant les grilles du site de la Gombe, près du rond-point SOCIMAT. La tension était palpable, l’impatience visible sur chaque visage. Comment en est-on arrivé à une telle situation de désordre dans un service public aussi essentiel ?
Parm la foule, des témoins racontent avoir attendu jusqu’à 48 heures sans être pris en charge. « Je suis ici depuis deux jours, sans manger correctement, sans pouvoir me laiser, et toujours rien », confie un requérant épuisé. La colère monte progressivement, jusqu’à ce que des individus excédés ne forcent le portail principal, provoquant des bousculades dangereuses où même des femmes se sont retrouvées prises au piège de cette cohue générale.
Au-delà de la simple surpopulation, c’est tout un système qui semble dysfonctionnel. La capture biométrique, étape cruciale pour l’obtention du permis, devient un parcours du combattant. Certains ont réussi les tests écrits et pratiques mais restent bloqués à cette ultime formalité. La question se pose : pourquoi ces retards répétés dans un processus censé être modernisé et efficient ?
Les accusations de corruption viennent envenimer une situation déjà explosive. Plusieurs requérants affirment que des agents demanderaient des pots-de-vin allant jusqu’à 150 dollars pour un traitement prioritaire. « Un agent de sécurité m’a directement proposé de payer pour sauter la file », témoigne Liza, une jeune femme visiblement amère. Cette pratique, si elle se confirme, soulève de graves questions sur l’intégrité du système.
Le problème s’étend jusqu’à l’obtention préalable de la fiche d’identité, désormais uniquement disponible dans les agences Raw Bank. Cette nouvelle procédure allonge considérablement les délais et complexifie inutilement le processus. Comment expliquer cette externalisation soudaine qui semble ajouter des obstacles plutôt que de les supprimer ?
La récente annonce d’un contrôle renforcé du permis biométrique à Kinshasa pourrait expliquer cet afflux massif, mais elle ne justifie pas les conditions d’accueil déplorables. La police a bien été déployée pour calmer les esprits, mais la tension persistait encore en début d’après-midi selon nos observations.
Cette situation révèle les profondes failles d’une administration confrontée à une demande croissante, mais aussi à des pratiques douteuses qui entachent son image. Le centre permis conduire Kinshasa devrait être un lieu de service, non une arène de compétition où seuls les plus patients ou les plus fortunés parviennent à leurs fins. Quand est-ce que les autorités prendront des mesures concrètes pour garantir un accès équitable et transparent à ce document essentiel ?
La question dépasse le simple incident de ce vendredi : elle interroge sur la capacité de l’État à fournir des services publics efficaces et intègres. Les citoyens congolais méritent mieux que cette course obstinée contre des portes closes et des procédures opaques. Le centre de la Gombe doit devenir un exemple de modernisation administrative, non le symbole de ses dysfonctionnements.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
