Depuis ce mercredi 18 septembre, Matadi, poumon économique du Kongo-Central, étouffe sous le poids d’embouteillages monstres qui paralysent la circulation. Les artères principales de la ville portuaire sont transformées en parkings géants, où les poids lourds règnent en maîtres absolus. Comment une ville stratégique pour l’approvisionnement de Kinshasa peut-elle se retrouver ainsi prise en otage par ses propres véhicules de transport ?
Dans les quartiers périphériques comme Mvuadu, Buima et Kinkanda, la vie quotidienne est devenue un parcours du combattant. « Je dois marcher plus de 10 kilomètres pour rejoindre mon lieu de travail », témoigne un habitant excédé, sous couvert d’anonymat. Les trottoirs, envahis par des commerces informels, n’offrent même plus d’échappatoire aux piétons. Une situation que l’Association congolaise pour la promotion des humains (ACPH) qualifie sans détour d’« insécurité routière ».
Colineau Mbala, coordonnateur de l’ACPH, pointe du doigt l’absurdité d’une réglementation inapplicable : « Les textes interdisent la circulation des camions le jour, mais la nuit, sans éclairage public, c’est tout aussi dangereux. Résultat : même en partant tôt, on arrive en retard ». Cette contradiction illustre le dilemme auquel font face les autorités locales, coincées entre nécessité économique et bien-être citoyen.
Le maire de Matadi, Dominique Mbete, reconnaît les désagréments tout en défendant l’indispensabilité des poids lourds. « Leur présence est vitale pour l’économie régionale, particulièrement pour l’approvisionnement de Kinshasa », argue-t-il. Mais cette justification sonne creux aux oreilles des milliers de citoyens contraints à des marches forcées quotidiennes. Jusqu’où peut-on sacrifier la mobilité urbaine sur l’autel des impératifs économiques ?
Une commission spéciale serait en train d’examiner les causes de ces embouteillages à Matadi et envisagerait des solutions urgentes. Reste à savoir si ces mesures suffiront à désengorger une ville où la circulation paralysée est devenue malheureusement banale. La crise actuelle révèle des failles structurelles profondes dans la gestion du transport en RDC, où les villes peinent à concilier développement économique et qualité de vie.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net